Suede est désormais revitalisé par la sortie de Coming Up qui lui a permis de revenir sur le devant de la scène. Alors pourquoi ne pas battre le fer tant qu’il est encore chaud ?
Voilà qu’un an après leur 3ème album, sort cette double compilation de 2 heures, regroupant la majorité des face-B de la période 1992-1997. La meilleure selon les fans.
Si Head Music est un album excellent et sous-estimé par ces derniers, ils ont cependant raison en ce qui concerne les face-B de la bande à Brett Anderson. Beaucoup de bijoux se cachent sur leurs singles et une belle quantité sont des tubes potentiels. « Killing of a Flash Boy » et « Whipsnade » notamment, qui annoncent ce glam rock moderne et surproduit qui fera les beaux jours de l’opus de 1996.
La structure de cette gargantuesque compilation a aussi la bonne idée d’être chronologique. Ainsi elle commence avec la période de Bernard Butler, dont le jeu est aussi éblouissant que sur album. Ses parties de guitares privilégiant soit des riffs percutants (« My Insatiable One ») ou des dissonances en tout genre qui apportent un côté mystérieux aux compositions (la fin de « He's Dead »).
La compilation continue et se termine par la passation de pouvoir entre Butler et Richard Oakes au niveau de la guitare. Son jeu est moins complexe car plus directe, mais bien adapté à l’écriture des morceaux devenus plus simples (mais pas simplistes). Ce qu’il n’a pas en originalité, Oakes le compense avec ses riffs carnassiers et un son plus agressif que celui de Butler. Il est donc difficile de résister à la puissance et au lyrisme de « Young Men » ou d’ « Every Monday Morning Comes ».
La voix de Brett Anderson se pose toujours avec délicatesse sur les instrumentaux les plus doux ou les plus rugueux. Certaines balades étant bouleversantes comme « My Dark Star », « The Big Time » et le mélo dramatique « Europe Is Our Playground ». Grandiose bande son d’un futur post-apocalyptique.
A l’instar de l’autre grand groupe de la britpop, Suede possède donc lui aussi un chef d’œuvre secret connus uniquement des fans. Oasis a The Masterplan et Suede a Sci-Fi Lullabies. Deux recueils de chansons incroyables releguées en face-B, pour cause d’albums déjà suffisamment garnis. Et comme Les oublis étant rares, seuls les collectionneurs les plus acharnés trouveront de quoi râler.
Le plus ironique dans toute cette histoire, c’est que ce double CD est nettement plus consistant que bon nombres de doubles albums passés à la postérité. En dehors d’une chanson (« The Living Dead », dont l’intérêt est surtout d’être différente car courte et acoustique), il n’y a absolument aucun déchet ici. Seulement la preuve que Suede fut un des groupes les plus remarquables des années 1990.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.