J'aime "Second Coming". Voilà, le gros mot est lâché. Vous pouvez me mettre au pilori pour faute de goût.
Mais pourquoi me demanderez vous ? "Et bien parce que ça déchire ... " répondrais-je avec nonchalance. Cependant le site étant nommé SensCritique, on ne peut se contenter de marquer dans une critique "ça déchire et si t'es pas d'accord, t'es un connard" (même si certain ne s'en prive pas...), faut des arguments pour défendre son point de vue et croyez-moi que Second Coming n'est pas radin en qualités.
Tout d'abord, pourquoi l'album est victime d'une réputation aussi négative ? Il est parfois même qualifié d’être l’un des plus grands pétards mouillés de l'histoire du rock, pour vous situer un peu le truc …
Premièrement, il fait suite à un premier disque dantesque qui deviendra l'album référence de toute une génération d'anglais en quête d'un nouveau son et sera le point de départ de l'indie anglais des nineties, rien que ca! Deuxièmement, l'album a souffert d'une attente longue de 5 ans, la relève était déjà là, Blur, Suede, Radiohead et surtout Oasis qui avait volé le cœur des Mancuniens avec "Definitly Maybe" quelques mois plus tôt.
Tout cela explique, l'accueil timide qui fut réservé à la seconde galette à sa sortie, mais cela n'explique pas la réputation de vilain petit canard du rock anglais qu'il se traîne encore plus de 20 ans après.
Avec le recul, ce disque est une tuerie rock ! John Squire déchire à la gratte tout le long, la section rythmique est toujours aussi excellente, et Ian Brown chante avec la même délicieuse nonchalance. Ce "Second Coming" n'est pas loin en terme de qualité de son illustre aînée finalement.
Déjà, l'album commence par Breaking Into Heaven qui nous transporte en pleine jungle vietnamienne avec le colonel Kurtz comme guide. 11 minutes de folie, dans lequel Brown est à son meilleur niveau (ce qui en soit ne casse pas des briques, faut l'avouer, mais bon) alors que Squire, Mani et Reni régalent derrière. Bien commencer un album, c'est toujours important comme dirait l'autre.
S'ensuit plusieurs titres d'une redoutable efficacité, Driving South, le célèbre single Ten Storey Love Song, un titre acoustique Your Star Will Shine, mais aussi les jazzy/funky Daybreak et Straight to the Man. Le deuxième disque n'est pas avare non plus, déjà, il commence avec un autre single Begging You qui a franchement sa place dans une rave party pour camé à la MDMA. Ça continue avec Good Times, résolument rock, un autre beau titre acoustique Tears, et How Do You Sleep qui n’est pas une reprise des vacheries de Lennon, c’est juste une chanson pop à la gratte lead impeccable.
Attention, ce n'est pas tout, oh non ! Loin de là ! Cet album abrite un monstre de rock, le cerbère de la guitare électrique. Le bien nommé Love Spreads, single le mieux classé (2e) du groupe dans les charts et chef d'œuvre à tous les niveaux. Voilà, rien que ça.
Par contre, Foz et son troll de 99 pistes, c’est naze, j’avoue.
Alors la prochaine fois que des zombies veulent vous bouffer, évitez de balancer Second Coming dans leurs tronches, gardez Sade et Dire Straits pour ça.
P.S : Personnellement, si le Third Coming est aussi bon, je ne bouderai pas mon plaisir !