Au cœur d'une discographie prolifique et de grande qualité, Secret Story pourrait sembler être un parfait résumé de la carrière de Pat Metheny, tout du moins lorsqu'il est accompagné de son groupe.
Il est vrai que l'on est maintenant en 1992, loin de ses premiers albums dans lesquels on trouve encore chez Metheny une écriture très jazz, et qu'on est également loin de ces futurs projets plus expérimentaux (Orchestrion) ou qui renouent justement avec des formations plus minimalistes (Unity Band) dans le but de retrouver ce jazz originel qu'il a progressivement délaissé à l'orée des années 80 et qui semble ici avoir, même si cela est faux, complètement mis de côté.
Avec Secret Story, nous sommes en plein dans le Metheny expressif, celui qui fouille au cœur des musiques du monde entier, empruntant ici et là des influences africaines, sud-américaines, qu'il dissémine au cœur de morceaux qui n'ont jamais été aussi mélancoliques. Dès Above the Treetops, Metheny développe un simple thème soutenu par des voix lointaines qui semblent venir d'un autre continent, et expose une infinie nostalgie.
Secret Story est un véritable voyage, la bande originale d'un tour du monde, dans laquelle le style Metheny se simplifie à l'extrême : Les thèmes sont parfaitement définis, rien ne déborde, peu ou pas d'improvisation (le saura t'on un jour?), les morceaux présentent des structures simples, des thèmes reconnaissables à l'instant, peu de solos. Les arrangements sont magnifiques.
Certains diront de ce Metheny là qu'il est presque artificiel, que sa musique n'est en rien spontanée, qu'on pourrait la trouver dans un magasin de "Natures et découvertes" (j'ai déjà entendu cette remarque). C'est peut être vrai, on est en effet à l'opposée de l'écriture complexe et spontanée de son album éponyme de 1978, mais en même temps, ne serait-ce pas la suite logique de la carrière du guitariste texan ? Explorant au fur et à mesure des albums des sonorités de plus en plus expressives et exotiques, Metheny n'a t'il pas dans Secret Story seulement représenté la musique qu'il fantasmait alors ?
Personnellement j'ai fais mon choix. Si Secret Story n'est pas le plus grand album de Pat Metheny (je lui préfère par exemple Watercolors ou le grandiose The Way Up), il est sans doute son plus nostalgique et son plus expressif. Une formidable porte d'entrée dans le style inimitable du guitariste à la marinière. Et si parfois certains morceaux peuvent sembler simples notamment dans leur structure ou leur écriture, c'est simplement pour se rapprocher de l'essentiel : L'émotion. Et dans Secret Story, il y en a, beaucoup. L'album parfait à écouter l'été. Le grand voyage. Un des meilleurs Metheny en somme.
Pat Metheny : The Longest Summer
https://www.youtube.com/watch?v=UJ0m-NVeLrM