Convertion ratée
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Septième album du groupe, See You on the Other Side marque un gros tournant dans la carrière de KoЯn. Depuis Follow the Leader en 1998, le groupe avait pris l’habitude de sortir un album par an, toujours en variant leur style, toujours en proposant une nouvelle facette qui différencie le CD du précédent. See You on the Other Side échappe à la règle, à cause du départ de Head, de leur arrivée chez Emi et Virgin Records mais aussi grâce à cette volonté de se renouveler de façon quasi-radicale en sortant des morceaux à la fois beaucoup plus sombres, plus lourds mais aussi plus pop.
La première fois que j’ai écouté le CD (au moins quatre ou cinq fois en boucle), je ne l’avais pas vraiment apprécié. Trop différent, trop monotone, trop plat, pas assez KoЯn. J’avais tort. J’étais même ensuite à l’opposé de mes premières impressions car les morceaux sont spéciaux, assez éloignés de ce qu’à pu proposer le groupe auparavant mais au final pas si inconnus que ça. KoЯn arrive donc à se renouveler tout en proposant un nouveau style, plus alternatif, aux rythmes pop mélangés à leur son tout bonnement Kornien. On sent que le groupe aime à expérimenter leurs sonorités mais sans se précipiter, sans oublier leurs racines neo. Ainsi, See You on the Other Side devient à son tour un album à l’identité propre, distinctif parmi la discographie du groupe.
Qui dit expérimentation dit surprise, et ici il y en a en pagaille. Conservant ce côté sombre et glauque, on perçoit tout au long du CD cette mélancolie suintante, ressortant même dans des titres groovy ("10 or a 2-way", "Throw Me Away") mais surtout dans des morceaux purement tristes, empreints d’une ambiance froide, glaciale même, notamment sur le quasi-instrumental "Tearjerker", d’une beauté encore jamais atteinte par le groupe...
Un album formaté ? Oh que non, les vieux d’jeunz de Bakerfield ont mûri de plus belle lurette et les titres avoisinent dans les 4 minutes en moyenne pour une durée d’écoute d’une heure. De quoi faire ravaler la salive aux détracteurs haineux. Dès l’étrange introduction qui nous conduit directement au single-phare "Twisted Transistor", on perçoit un net changement : plus groovy, plus lourd, plus heavy aussi, le long morceau se délecte comme du petit lait et nous fait revenir en arrière, à l’époque du glauquissime Issues. Comme à l’habitude en ce qui concerne les singles ou les titres imposants, KoЯn a su trouver LE riff en question, le riff qui reste en tête, qui nous fait dire d’une simple écoute : « Ah ! ça, c’est Twisted Transistor ! » Et il en sera de même avec le puissant "Coming Undone", l’excellent "Liar" et le monstrueux "Getting Off".
On sent dans See You on the Other Side une volonté de revenir en arrière, aussi bien à travers les paroles enivrantes, tristes et sombres de l’époque Life Is Peachy/Issues, mais aussi à travers la musique : des morceaux typés singles se mêlant à de longs titres morbides, et puis il y a aussi le retour de la fameuse cornemuse qui faisait auparavant une partie du succès de KoЯn. Jonathan Davis reprend donc son souffle et nous renvoie le temps d’un court mais mémorable instant (sur "Liar" et "Open Up") un nouvel air de son instrument fétiche. Il réitère également à la fin de ce morceau son phrasé hip-hop-ultra-rapide-incompréhensible comme sur Follow the Leader. Ainsi, sans forcément rentrer dans les détails de chaque titre, on reste cloué sur place par tant d’inventivité, même dix ans après le premier album. Le clou du spectacle ? "Tearjerker", assurément. Ce morceau conclut d’ailleurs l’album comme un assaut final lacrymal terrassant.
Quasiment pas de défauts pour cet album qui regorge de bonnes trouvailles et d’inventivité. Le second disque bonus propose quant à lui des titres encore plus glauques, surement les plus morbides que le groupe ait pondu depuis Issues, en particulier "Last Legal Drug (Le Petit Mort)". Trois titres inédits, deux remixes et deux vidéos live, le double CD vaut donc le coup. Petite déception quant aux clips en revanche, peu inventifs comparés à ce que KoЯn avait proposé jusque là, sauf pour "Twisted Transistor", une merveille hilarante et bien pensée.
Boudé par de nombreux fans, hué par certains, ce septième opus est pourtant un renouvèlement bienvenu dans la discographie d’un groupe qui ne finira pas de nous étonner, d’avancer malgré les déceptions personnelles et de ne jamais tourner en rond.
Créée
le 6 sept. 2019
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