I knew all of this Yeul, every one of them. One loved flowers. One loved sing.

De manière très schématisée, la sérotonine est un des nombreux neurotransmetteurs situé au niveau de notre système nerveux central. C’est une des molécules impliquée dans l’équilibre émotionnel et un défaut des neurones sérotoninergiques peut être assimilé à des formes de dépressions.

Si ce disque ne parle pas de dépression de manière abrupte comme d'autres le font de nos jours - et je pense surtout à certains rappeurs comme Kid Cudi, Kanye, Future, etc -, il est néanmoins à mon sens le témoin d’une époque et d’une mélancolie propres à notre génération.

I'm not afraid of your darker side
When I'm with you
These demons in my head ain't got no place to go

Serotonin II est très vocal. Tout du moins, il l’est plus que les EP sortis précédemment Coma, Pathos et Yeule. Comme si après des années à chercher son médium d’expression et des années d’entrainement, finalement, Yeule avait trouvé la juste manière de s’exprimer.
Dans la continuité d’un Coma qui parlait d’oubli, de sentimentalité (des propres mots de Yeule en interview), Serotonin II brasse lui aussi beaucoup de sujets.
Yeule parle d’amour, Yeule parle de son rapport à Internet et aux relations qu’elle entretient dessus, Yeule parle de santé mentale et Yeule parle de ses personas.

Si vous êtes de la génération Y, Z ou si vous êtes simplement une personne de moins de 25 ans, alors Yeule parlera surement de thèmes qui vous touchent, de loin ou de près.

Pour my heart into simulation
Digital in reciprocation

Pixel Affection est avec Pretty Bones un des morceaux charnière de l’album.
Il est d’autant plus beau et triste qu’il est universel et peut s’adresser à toute personne ayant un passé de joueur, quel qu’il soit.
Si vous avez un compte Xbox Live, un PSN, un compte steam ou même pour les plus téméraires d’entre vous un compte Dofus ou Flyff, alors il est fortement probable que des personnes avec qui vous avez partagés du temps aient disparues du jour au lendemain de votre vie. Des personnes avec qui vous avez joué pendant des heures, des jours, des semaines ou même des années, des personnes qui faisaient partie de votre vie virtuelle. Disparus.

Le morceau est d’autant plus beau qu’il est totalement sujet aux sens cachés et aux interprétations différentes tant il reste évasif et implicite. S’il peut d’adresser aux joueurs, il peut aussi s’adresser aux guerriers de la drague qui ont utilisés MSN ou Skype, il peut s’adresser aux gens qui ont roulé leur bosse sur des forums, il peut parler aux gens dont les DM twitter et messenger sont des archives potentiellement classables au patrimoine de l’UNESCO.
Et c’est aussi la beauté de ce disque : ne jamais expliciter quoi que ce soit et laisser libre court aux interprétations multiples.

Les seuls moments de calme étant les interludes, comme s’ils traduisaient des moments AFK, en dehors du monde tant fantasmé par Yeule.
Le temps de finir son café, de manger en vitesse ses cup noodles HORRIBLES ou juste d’aller faire pipi (bah ouais hein).

Il y a d’autres morceaux très intéressants tels que Pretty Bones comme dit plus haut mais aussi Eva ou Pocky Boy. Le but n’est pas d’expliciter tous les morceaux – au risque de fausser complètement votre interprétation du disque -. Néanmoins.

There's a cold and dark place
Dusty floors and old ash from the flames

Les deux morceaux de fin, An Angel Held Me Like a Child et Veil of Darkness clôturent l’album, piano sortis. Le premier morceau laisse la voix cristalline de Yeule chanter la cruauté du monde auquel elle a tant voulu échapper. Ce monde qui finit par la rattraper, le monde réel.
Et après avoir déroulé sa pop synthétique pendant plus d’une demi-heure, le deuxième morceau mentionné, le dernier, décide alors dans un élan final de se tourner vers la noise (toutes proportions gardées), comme s’il finissait par détruire tout ce qu’il avait construit. Comme s’il décidait de s’affranchir de tout ce monde virtuel qui l’avait façonné dans une explosion sonore. Comme si ce monde si idéal et fantasmé par Yeule s’était finalement effondré sur lui-même après des désillusions.

Le mal est fait, le mal est fait, téma le sablier

Bien sûr, tout cela n’est qu’une interprétation- la mienne - et n’est en aucun cas le propos du disque. Ou en tout cas, ce n'est pas un propos assumé directement par l'artiste.

Yeule ayant un pied dans la pop et un autre dans la musique électronique, il est difficile d’analyser sa musique frontalement comme on pourrait le faire pour un disque de rap par exemple, sans omettre le fait que l'album prend aussi un autre sens si l'on regarde les clips des différents clips Il est d’ailleurs en vérité assez compliqué d’écrire sur ce disque tant il est dur d’expliquer concrètement en quoi le disque me touche.
Certains verront en ce disque l’histoire romancée d’une jeune femme ayant passé une grande partie de sa vie sociale et affective sur Internet, d’autres y verront un disque de pop éthérée et les derniers y verront simplement le disque d’une femme en phase avec son époque, ni plus ni moins. Dans tous les cas, Serotonin II est pour moi un très bon disque de pop et surement un de mes albums préférés sortis cette année.

https://twitter.com/yeul_e/status/1188856718484299778