J’ai devant moi le meilleur album de tous le temps, (sic), fait par le plus grand groupe de rock du monde. Excusez du peu. Problème. Je n’adhère pas. Je trouve ce rock très mou. Petit bourgeois, de stars rangées, qui font des chansons populaires à boire. Le seul acte de bravoure, c’est de faire rentrer le rock dans les rangs, définitivement variétisé. Une musique de variété donc, seule alternative possible, adoubée à grands coup de pub par les radios, critiques, les revues, les musicologues amateurs, et penseurs (UK-USA réunis). On nous impose le produit, comme tel, marque déposée, comme on le ferait pour une boisson gazeuse très célèbre, aromatisée, rafraîchissante, mais au goût vite passé.
Alors prenons au hasard. Without You. C’est de l’hindouisme pour touristes. When I’m Sixty four, c’est une chanson de bal, genre fête de la bière: « Tapez des mains, tapez des mains ! » L’île aux enfants. Tout le monde il est beau. Ne cassez pas la timbale. Good Morning. Avec ses allers-retours, et son break de batterie pétaradant est très frais. Pas mal. Et ça repart : Good morning…pas mal, pour de la chansonnette. Un peu comme : I’m Fixing A Hole. Morceau où McCartney raconte qu’il fait du bricolage. I’m fixing a hole. C’est tout. Texte d’un très grand intérêt artistique, n’est-ce pas ? Selon Rolling Stone, le mag, c’est :
« Le meilleur album de tous les temps »( ?) Je pense qu’il est temps de mettre fin à la supercherie. Pour moi, c’est affreusement DATÉ. Avec mes oreilles d’adulte, pas terrible, voire faible cet album.
A Day In The Life. Planant. Psyché. Morceau de bravoure final. Étonnant, mais qui arrive un peu tard. Ça laisse un goût d’inachevé. Pourtant des journalistes vont même jusqu’à dire que cet album annonce Mai 68. Ah bon ? Où ça ? Parce qu’il serait « révolutionnaire » peut-être ? En tout cas, beaucoup moins que, Pet Sounds des Beach boys, ou Freak Out !, d’un Frank Zappa, vrai concept-album, a des années lumières de nos fab four repentis. Á mon avis, on dit que cet album annonce Mai 68, uniquement parce qu’il est sorti en Juin 67, faut pas chercher plus loin. Et Pet Sounds et Freak Out !, sont sortis avant Sgt Pepper.
A day in the life, c’est le seul qui ressort réellement avec le temps. Des efforts comme Penny Lane, malgré la mélodie (Ah, la mélodie !), restent indéniablement mélancoliques, et mélo. McCartney, qui semble avoir viré Lennon des commandes, (trop jusqu’au-boutiste, John). Paul est le maître d’œuvre. Il dit lui-même que ce n’est pas un concept-album. Pourtant tout le monde répète que : « C’est un concept-album ! ».
Les Beatles n’ont jamais prétendus au chef-d’œuvre. Tout le monde répète que :
« C’est un chef-d’œuvre ! » Dans ces cas là, je dis : Propaganda. Les critiques anglo-saxons ont choisis leur icône absolue, à ne pas toucher, sous peine de lynchage philologique. Il paraît que cet album a inventé un truc. Ah bon ? Quoi ?
Penny Lane morceau mélancolique et baroque, nous emporte dans une douce frénésie. Pas mal du tout. Un peu mièvre, c’est vrai, mais c’est bien fait. Ensuite ?
C’est le meilleur album pop du siècle ( ?) que j’entends aussi. Insulte à tous les ceux qui sont passés avant, ou après, qui leurs sont égaux, voire supérieurs. La pop ça veut dire beaucoup plus de choses qu’un trip de Liverpool à NY, via un sous marin JAUNE bariolé, tout autour du monde connu. Les Beatles en terrain connu, ne se cassent pas la tête. Textes gentils, voire mièvres, qui ne vont déranger personne. Ça, à la limite, c’est pas grave. Toucher avec simplicité, c’est l’essence de la pop. Parler du quotidien, et de sa banalité, c’est l’essence de la variété. I’m fixing a hole…mais,
Par contre, l’emballage flower power light, pour couilloner je ne sais qui, je ne prends pas. Hindouisme pour touristes, (je me répète), montages sonores, rien de musical, juste l’effet. Quelques instruments indiens, quelques poules qui caquètent, quelques harpes, et c’est expérimental ? C’est juste poseur. Comme quelques épices sur la soupe. Dans la soupe, se serait mieux, les épices.
LSD pour Lucy In The Sky, fausse apologie de la drogue. Mais on laisse entretenir le doute, qui va avec la légende. Comme dirait Frank Zappa, en forme de boutade: « We’re doing it, only for the money.» Pour qui ne connaît rien, on jurerait qu’il y a de l’expérimentation, ça fait un effet. Le rock sous anesthésiant. Grand public, papa, maman, la bonne, et moi. Sauf que moi, j’ai grandi, entretemps. Papa, maman, faîtes comme vous voulez.
J’ai écouté cet album avec un pote, il y a un ou deux ans. C’était une première. Cet album légendaire, car présenté comme tel, je regardais la pochette avec respect, et je me disais qu’un de ces jours, j’allais mettre ça sur ma platine. Et voilà que mon pote Raul s’amène. Il veut à tout prix écouter ça. Il a des périodes comme ça, Raul. Moi je n’ai rien contre écouter un (bon) disque, donc on se donne rendez-vous un dimanche. Et patatras ! L’excitation est vite retombée, because :
« C’est quoi ce son mono de merde ? »
« C’est quoi ce son de merde tout court ? »
« Merde. Mais elle est où la basse ? Je ne l’entends pas ? »
« Cette compo là, elle est plus que banale, mec… »
With A Little Help From My Friends.
J’aime pas cette version de With A little Help… J’ai toujours crût que c’était un morceau de Joe Cocker. LOL. Et pour cause. Sa version soul, de Woodstock, est largement supérieure à l’original. Tellement qu’on croirait qu’elle a été écrite pour lui, par lui.
Sgt Pepper, le morceau, j’aime pas ce morceau. Cliché rock absolu. Et je tiens à rectifier les propos d’un prétendu journaliste, qui a dit à la radio, qu’il a été interprété par Jimi Hendrix, après l’avoir déchiffré, et ça lui aurait pris deux jours ( ?) Si Jimi a réellement pris deux jours pour déchiffrer ça, c’est qu’il aurait fumé de l’herbe de très, très, mauvaise qualité, et encore.
Moi j’ai une autre version de l’affaire. On amène à jimi l’album dans les coulisses. Excité, il écoute pour voir ce que ça donne. Dix minutes plus tard, il est sur scène, et du morceau, il nous envoie sa version, explosive, et en pleine gueule ! John et Paul sont dans la salle. Ils changent de couleur. Et John, dit a John, qui dit à Paul :
« Il faut qu’on retourne enregistrer ces putains de guitares ! »
Ma version vient d’un magazine de rock autorisé. Celle du journaliste vient du journaliste, qui parle, sur une radio publique, « sérieuse et autorisée », France Inter pour ne pas la nommer. France Inter, qui a passée toute la journée sur un seul disque : Sgt Pepper. Pour bien nous faire comprendre comment c’était génial, Sgt Pepper. Exactement ce qu’il fallait faire, pour que toutes les nouvelles générations passent à côté. Et oui ! De nos jours, on fait souvent le contraire de ce que disent les médias, ou imposent les médias, ou martèlent les médias. Surtout si c’est à grand coup de sabots. Les jeunes ça devient méfiant, en plus d’être têtus.
« Tu m’a passé ça toute la journée ? C’est louche. J’écouterai pas ». [Rires]
Effet dommage collatéral auditif, on va dire. Donc j’ai écouté ça avec un pote, qui découvront tout à coup le graal. Pas les Beatles, bien sûr, que tout le monde connaît. Mais le graal. La légende. Sgt Pepper. On a acheté l’album exprès pour ça. Première écoute. Déception. On a même organisé une deuxième écoute (véridique). Pensant que c’est mon système audio qui avait un problème, j’ai organisé une deuxième. Nettoyage. Réécoute le dimanche suivant. Et bien non. Toujours, non. Ça passe pas. On avait peut-être en main une mauvaise copie…Mais non.
C’est pour dire, comment une propagande ça fonctionne bien dans ta tête. La propaganda, c’est dangereux. Depuis tout petit on m’en parle, de ce disque. Il ne peut qu’être bon. Donc, si j’avais un peu plus de tune, j’aurais foutu mon système HI FI à la poubelle, et couru acheter un autre plus cher, car une légende vivante ne peut pas être aussi mauvaise à l’écoute. Et pourtant…
C’est comme la pochette qui ressemble à un cadeau ROUGE BLEU de chez papa Noël. Et bien, quand tu te rends compte que t’a grandi, et que le père Noël, c’est une grosse farce, tu l’a un peu mal. Ensuite t’oublies, et tu passes à autre chose. Est-ce que le disque est intégralement mauvais ? Non. Il y a de bonnes chansons, et de moyennes aussi. Passer de : Bonnes ou moyennes chansons, à album du siècle, il y a un grand écart que je ne franchirai pas. Passons la folie maestria médiatico fanatico hystérique, comme des jeunes filles qui se pâment devant quatre garçons dans le vent en 1964. Ceci n’est pas l’album du siècle.
Ou alors, reconnaissons que la variété est le nouveau canon. Piquer des trucs au rock, au ryhtm and blues, les vider de toute substance, en faire de la varièt. Et là, je comprends tous les groupes qui ont suivis, et qui essayent de refaire la même chose. Malheureusement, eux, n’ont pas Georges Martin derrière, pour sauver les compos avec ses arrangements. Ça aide à entretenir l’illusion, l’arrangeur.
Après la deuxième écoute je demande à mon pote Raul :
« Alors ? »
Réponse :
« Je n’écouterai plus cet album de toute ma vie, man. C’est faible. Je ne comprends pas. Je plaçais ce groupe en haut du panthéon musical.»
« Á ce point là ? »
« Mais ouais ! »
Désolé, Raul. Victime de la propaganda, peut-être…