Le meilleur album de tous les temps... en 1967
Fabuleux concours de circonstances que cet album qui prouve que la chance importe autant que le talent, même pour le plus grand des groupes. En 1967 les Beatles étaient à un sacré croisement : expérimentations Pop sans arrêt plus poussées, rivalité acharnée contre les Beach Boys, culture hippie et avant-gardiste ; tout cela aboutit à cette petite symphonie populaire qui, je suis sûr, a éclaté la concurrence dès sa sortie d'une revers de main négligé.
Les premières fois que j'ai écouté ce disque je me suis demandé ce qu'il faisait en tête de liste des meilleurs albums de tous les temps jamais sortis et tout patati patata ; c'est une position que j'ai compris avec les années en écoutant des centaines et des centaines d'autres productions d'autres artistes tout au long du XXème siècle, et il est vrai Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band est quand même une révolution musicale dans la culture occidentale.
Je suis d'accord qu'une œuvre, quelle qu'elle soit, se mesure en premier lieu par son influence, c'est pour cela que Citizen Kane sera TOUJOURS un meilleur film que The Dark Knight ; mais l'évidence est là : Sgt Pepper's a pris la poussière et sent le renfermé aujourd'hui, et c'est d'autant plus étonnant que d'autres albums des Beatles sonnent beaucoup plus frais que ce délire de pseudo-fanfare acide, comme Rubber Soul ou Revolver.
Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band c'est donc avant tout un contexte, une culture, une démarche propre à l'année 1967... Mais qu'on ne se leurre pas, car il reste de très bonne qualité et supplante la plupart de ce qui sort aujourd'hui (rien de difficile là-dedans, en fait), car c'est vrai que c'est bien produit et que la fringance Pop des treize titres est pleine de charmes. Chacun a ses coups de cœur personnels en ce qui concerne l'écoute de Pepper car il y en a pour un peu tout le monde ; dans mon cas ce sera bien sûr A Day in the Life qui est grandiose, puis pêle-même Lovely Rita, She's Leaving Home, With a Little Help From My Friends, Getting Better et When I'm Sixty Four... de toute façon, à part Good Morning Good Morning dont John lui-même avoua que ce n'était pas du grand art, rien n'est mauvais voire moyen dans cet album.
Pour finir je tiens seulement à dire que je trouve ça dommage de balancer Sgt Pepper's à la figure de deux qui souhaitent s'initier à la musique populaire, car très très peu en comprennent vraiment la dimension et la philosophie dès la première écoute.