Il était une fois, un jeune homme appelé Neige, qui, avec son compère Winterhalter, faisait du black-métal. Un beau jour, il décida de créer un groupe qui s’appelait Alcest et qui essayait de faire la musique la plus diamétralement opposée que possible. Au cours des années, il créa des albums où les accents de métal disputaient aux élans aériens et, finalement, il créa Shelter.
Vous admettrez que c’est une belle histoire et ce n’est que justice, car Shelter est un très bel album. Enregistré en Islande avec l’aide de musiciens de Sigur Rós (et ça se sent), Alcest y va encore plus loin que précédemment dans le domaine du post-rock diaphane, tendance shoegaze. Du coup, on a droit à une musique à l’apparente (et trompeuse) fragilité, soutenue par des textures de guitare noyées dans l’écho, des claviers planants et des voix chorales.
Je vais vous la faire simple: cet album est exceptionnel: janvier n’est pas encore terminé que je tiens déjà un sérieux candidat au titre d’album de l’année. Il n’y a à peu près rien à jeter et, en plus, un certain nombre de morceaux fabuleux, comme « La nuit marche avec moi » (rien que le titre…), « L’éveil des Muses » et surtout « Délivrance » qui, du haut de ses dix minutes, conclut un album de grande tenue.
Oubliez le passé sulfureux des musiciens, oubliez aussi certains écarts métaleux des précédents albums: ce Shelter est un voyage sur un nuage, un grand moment planant pour matins clairs et hivernaux (landes glacées et désertes en option). Plus que cela: il est beau. Achetez-le. Maintenant.
Sinon je pleure tout seul, en écoutant « Délivrance ».