Aaah, Hypno5e, un grand cru français comme il s'en fait de moins en moins.
Jubilation, après moults écoutes d'un Acid Mist Tomorrow qui me laissait chaque fois sur le plancher, mélancolie languissante et furieuse, sans issue aucune.
Nous avons ici sa suite, Shores of The Abstract Line.
La patte du groupe est toujours là, du spoken word, une ambiance desolée, des guitares extatiques, une voix tantôt déchaînée, tantôt adoucie... Tout est maîtrisé, une bipolarité qui ne nous ménage pas.
Nous voyons des images dans notre tête, une terre sèche et devastée sous un ciel noir, un homme erre, comme nous, êtres démunis cherchant leur but au milieu de toutes les contingences.
Les passages calmes s'étirent, avec nécessité, dissipant leur détresse, l'énergie reste cachée, mais sort en tordant les barreaux qui l'emprisonnent.
De l'espagnol ! Une langue qui m'est si agréable à entendre, qui se marie à merveille avec ce que nous servent les instruments.
Ce que j'entends m'inspire une complainte nostalgique, qui touche là où ça fait mal, souvenir figé, démembré et poussiereux, comme une photographie oubliée sur laquelle aucune lumière ne pourra plus se poser.
C'est singulier, c'est une expérience, c'est quelque chose qui se fait difficilement comprendre, ce sentiment de solitude après l'avoir ecouté, sans pouvoir faire part de son ressenti, les mots ne sortent pas, c'est ridicule, inaudible. Le monde est-il au-dessus, ou en-dessous ? Qu'est-ce qu'on veut faire ? Que vais-je changer ?
Tout est brisé.
Écoutez.