Le mercredi, il y avait entraînement de foot. Quand il faisait beau, j’aimais bien y aller, mais l’hiver, c’était une autre histoire. Pourquoi aller se les cailler en short alors que je peux rester chez moi à jouer à la PS2 ?
En plus, GTA Vice City venait de m’être prêté, et entre échapper aux flics, provoquer des bastons et faire exploser des voitures, le choix était vite fait.
Il n’y a rien que je faisais dans GTA Vice City sans écouter V Rock, la meilleure station de l’histoire de la saga. Les chansons étaient énormes, mais l’ado de treize ans que j’étais en mettait deux au-dessus du lot, Cum On Feel the Noise de Quiet Riot et Too Young to Fall in Love de Mötley Crüe, avec une préférence pour la dernière.
Il fallait souvent attendre qu’elle soit diffusée, donc je ne faisais rien d’autre que rouler avec V Rock dans les oreilles de Tommy Vercetti jusqu’à ce que la bande à Nikki Sixx débarque avec son titre et que je m’empresse à mettre le son de la télé à fond.
Shout at The Devil de Mötley Crüe sera toujours associé à Too Young to Fall in Love, pour moi. Impossible de laisser ses souvenirs de GTA se biffer, impossible d’oublier cette sensation quand le titre était diffusé (merci le livret du jeu de mentionner les artistes passés dans les radios du jeu au passage !), Too Young to Fall in Love agit pour moi comme agissait une petite pâtisserie auprès d’un célèbre écrivain français à moustache lorsqu’il buvait du thé à Combray. Je lui associerai toujours une tendresse énorme qui atténue l’objectivité.
Quant à l'album, un classique du glam metal, je l’ai écouté des années plus tard, lorsqu’une mule révolue m’a permis de connaître ce que ces fameux Mötley Crüe avaient fait d’autre.
Shout at the Devil, le morceau incarne bien l’énergie brute et l’identité encore un peu pataude et baroque du groupe, le tout au service d’un univers rock sauvage et décadent. Le riff est puissant et entraînant, rudimentaire mais efficace, soutenu par une ryhtmique du même acabit. La voix éraillée et charismatique d’un Vince Neil encore jeune et pas encore trop drogué.
Avec cet album, on a un équilibre entre l'agressivité du heavy metal et les mélodies accrocheuses du glam rock. Bastard et Knock ‘em Dead Kid en sont de bons exemples, Looks That Kill, l’exemple parfait. C’est avec ce titre et Shot at The Devil qu’on sent que le groupe peut fédérer les foules avec aise, ce qu’ils prouveront par la suite avec leur identité scénique dantesque. Le groupe parvient à créer une fusion de sons lourds et de refrains entêtants, offrant un mélange explosif qui fait mouche.
Même la reprise d’Helter Skelter du groupe extrêmement niais et mielleux des Beatles s’en sort grandi, bien que plus faiblard que les autres.
En somme, un bon cru, embelli par cette ambiance plus sombre et crasseuse mais pas dénué de la désinvolture qui fait le sel de Mötley Crüe.