Freak out and give in, doesn't matter what you believe in
La vague grunge est lancée mais les Smashing Pumpkins sont à la traîne ! Leur label Virgin leur propose de ressortir une version améliorée de Gish, ce que refuse pragmatiquement Billy Corgan. Ce sera un nouvel album, ou rien !
C'est ainsi que les citrouilles partent en Georgia, loin de leur ville natale de Chicago afin de se concentrer pleinement sur l'enregistrement de ce nouvel album. Mais les ennuis poindront très vite. Jimmy Chamberlin le batteur fait l'école buissonnière pour aller se droguer à l'héroïne et le reste de la bande se disputent. Ainsi, Billy Corgan prendra les commandes du navire.
Une légende veut qu'il ait enregistré à lui seul la totalité de l'album à l'exception de la batterie et des violons de Disarm et de Spaceboy. Billy Corgan s'impose ainsi comme un petit dictateur et fait tout comme il veut. Seulement il lui aura fallu du temps pour en arriver là, puisqu'en arrivant sur place, il était déprimé, ayant même des pensées suicidaires. C'est seulement après avoir écrit Today et Disarm en une nuit qu'il se lancera vraiment.
On peut alors dire que Siamese Dream est l'album le plus onirique des Smashing Pumpkins. Il y a là un espèce de flottement permanent, rappelant la fragilité, sous toutes ces déflagrations de distortions, à l'image de Soma, chef d'oeuvre de l'album, sur le fameux livre de Aldous Huxley, Brave New World, qui est une longue montée en puissance, avec un riff incessant répété de bout en long, d'abord fragile, plus de plus en plus fort, tant et si bien qu'à la fin plus de 50 guitares jouent nonchalamment le même riff, devenu entretemps un tantinet plus agressif ! L'autre chanson la plus représentative de l'album est Today, qui sous ses aspects joyeux avec sa mélodie guillerette (Today is the greatest day I've ever known) cache en fait une lettre de suicide.
Contrairement à Gish, l'album se diversifie bien plus et la patte Smashing Pumpkins devient identifiable. Il y en a à toutes les sauces, de l'hymne mortuaire avec Disarm, représentant en quelque sorte (les textes sont trop ambigus pour en avoir une bonne compréhension) la mort de l'enfance ou la réalité frappante du monde, à Cherub Rock, un doigt d'honneur massif au monde hipster du rock indie de l'époque, à Silverfuck, énorme jam session où le mot violence prend tout son sens, donnant lieu à des interprétations longues de plusieurs dizaines de minutes en live !
Il y tant et tant à dire sur chaque chanson, chaque choix artistique. Siamese Dream est une véritable mine d'or, considéré par beaucoup comme leur meilleur album, il n'est pour moi qu'un préambule à la claque monumentale que sera Mellon Collie and the Infinite Sadness en 1995...