Signify
7.1
Signify

Album de Porcupine Tree (1996)

Même s'il n'est pas à proprement parler le premier opus paru sous ce désormais célèbre patronyme, Signify est en quelque sorte le premier album de Porcupine Tree. C'est la première fois que le groupe participe à tous les morceaux, de la conception à la réalisation, et c'est aussi le premier album où transparaissent tous les éléments du son PT. Avec Signify, le groupe a trouvé son rythme de croisière, son identité, et tous les albums suivants seront donc une déclinaison de ce style unique.


Désormais au complet, le groupe s'articule de la manière suivante: Chris Maitland est à la batterie et aux percus, Colin Edwin à la basse, et Richard Barbieri s'occupe des claviers et synthés en tous genres. Wilson, de son côté, fait tout le reste, et puis aussi un peu claviers et de programming. Au contraire des précédents opus, Signify s'éloigne du concept ambiant-prog pour se concentrer sur les morceaux, qui se présentent même parfois comme des chansons pop. Ainsi, Waiting Phase One préfigure tous les grands et beaux moments mélancoliques que PT nous offrira à l'avenir, de Pure Narcotic à Sentimental en passant par How is Your Life Today ou Lips of Ashes. Sortie en single, cette sucrerie douce-amère se classera dans les charts alternatifs, augmentant encore la réputation du groupe.


On constate également l'apparition notable d'un son plus heavy: avec un morceau comme Signify par exemple, Porcupine Tree a nettement alourdi son propos, et même si on est encore loin de Deadwing les anglais annoncent déjà les années metal-prog, même si cette tendance sera peu confirmée par l'album suivant, Stupid Dream.


Mais revenons à Signify. Plusieurs moments de bravoures hantent cet opus encore inégal: au milieu de développements encore un peu prog-dub on trouve les premiers grands tubes de PT. Sever, avec son rythme syncopé et son refrain éthéré, aurait pu trouver sa place sur n'importe lequel des albums suivants du groupe. C'est dire si PT a vraiment trouvé sa voie avec cet album. Sur Every Home Is Wired, on retrouve le talent tout à fait wilsonesque qui caractérise le groupe pour beaucoup, à savoir un agencement parfait des harmonies vocales dans un style rappelant son glorieux homonyme d'Outre-Atlantique.


Album superbe, Signify alterne les ambiances et manie les registres variés avec délicatesse et talent. Le groupe s'éloigne peu à peu de son image de Pink Floyd des années 90, pour trouver enfin son originalité. Sur Dark Matter, par exemple, c'est évident: on sent l'inspiration floydienne, mais le son et les tics de prod de Wilson sont bien là pour nous rappeler qu'il s'agit de Porcupine Tree. Mon seul regret concernant Signify est la présence encore trop importante de morceaux parfois un peu plats, tirés de jams ou d'improvisations du groupe voir certains reliquats de la période ambient du début des nineties.


Heureusement, ces passages parfois ennuyeux sont disséminés entre les morceaux plus construits, ce qui constitue un très bel ensemble et une cohésion intéressante pour l'album. Sur les douze morceaux que compte cet opus, six sont de vraies chansons, et les six autres des ambiances instrumentales plus ou moins élaborées. Signify est donc un moment-charnière du groupe, puisque c'est la dernière fois que la balance est aussi équilibrée. Dès Stupid Dream, le groupe deviendra plus rock, plus construit, et les fans des débuts se verront rejoints par une foule de plus en plus grandissante, attirée par le talent de songwriter indéniable de Wilson.


Il est difficile de déterminer les raisons exactes de cette évolution. On sait que Wilson a tous ces styles et influences différentes en lui, et qu'il est lui-même capable de passer du dub psyché le plus débridé à une pop très classique et british. Toujours est-il qu'avec Signify, Porcupine Tree quitte définitivement le statut de groupe underground et alternatif pour entrer dans une nouvelle sphère, celle du grand public, même si on est très loin de Top Of The Pops (et heureusement!). Cette reconnaissance permettra notamment à Wilson de faire valoir ses talents de producteur et créateur de sons dans le monde entier, avec le succès que l'on connait.

Silvergm
8
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le 20 mai 2021

Critique lue 69 fois

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