Dès les premières notes de synthé, on sent qu'il va être bien cet dernier et final album de Steely Dan.
Il fallait bien ça pour se consoler de la perte récente de Walter Becker, co-fondateur avec Donald Fagen d'un des meilleurs groupes de jazz-rock qui soit.
Et puis s'élève la voix de David Crosby. 76 ans au compteur et pourtant toujours cette voix douce et fluette et presque chuchotée.
Oops ! Ce n'est donc pas un album de Steely Dan.
Mais le premier titre, She's got to be somewhere est trompeur. De fait c'est un peu tout l'album qui sera ça et là sous le signe du jazz, le vieux sage reprenant même le Amelia de Joni Mitchell (un hommage à l'aviatrice Amelia Earhart), originellement issu d'Hejira dans une configuration apaisée et minimaliste (voix, piano, une petite guitare en fond, c'est tout et c'est efficace). Joni, l'amie de tous ces trajets et chemins musicaux qui a souvent croisé la route de David Crosby comme de Graham Nash et Neil Young (pour la minute people-potin du jour, elle est sortie d'ailleurs avec les deux premiers). Il n'y avait que Crosby pour lui rendre si bien hommage (même si l'album River, the joni letters d'Herbie Hancock en 2008 s'avère là aussi une superbe oeuvre).
Du reste, on a du bon folk-rock et du folk tout court, bien mené, parfois sans surprises ou pas autant qu'on aurait espéré comme sur le Croz de 2014. Cela dit, qui peut encore se vanter, passé les soixante-dix ans de faire encore de la musique élégante, soignée et classe là où beaucoup ont baissé les bras ? Depuis 2014, des gens comme Linda Perhacs et David Crosby démontrent que les miracles existent encore.
Et puis il y a Capitol sur ce disque, presque 7mn où le vieux lion se réveille pour pousser une gueulante vis à vis de la politique américaine et du fait que le vote ne sert finalement à rien quand on voit le résultat. Charge jouissivement salée.
(...) They come for the power for power they stay
And they will do anything to keep it that way
They will ignore the constitution
And hide behind the scenes
Anything to stay a part of the machine
And you think to yourself
This is where it happens
They run the whole damned thing from here
Money to burn
Filling up their pockets
Where no one can see
And no one can hear
And the votes are just pieces of paper
And they sneer at the people who voted
And they laugh as the votes were not counted
And the will of people was noted
And completely ignored (...)
Depuis 2014, 3 disques tranquillement (là où auparavant on devait attendre un disque par décennie suivant l'état physique du musicien) et surtout 3 bons disques. Oh que ça me fait plaisir.