Ode à un parcours très zeuhli.
Non, je n'ai pas de cheveux sur la langue, je parle ici du parcours du groupe Magma, un des rares groupes de qualité qui nous reste des années 70 en France. Un petit historique s'impose rapidement.
"Mike Brant confirmait son succès et toute une vague de chanteurs le rejoignaient sur le rang des "chanteurs à minettes": Frédéric François, C.Jérôme, Patrick Juvet, Alain Chamfort, Dave, François Valéry, Christian Delagrange, Art Sullivan... Plus dans l'émotion, Daniel Guichard chantait "Mon Vieux", Michel Jonasz "Les Vacances au bord de la mer", Serge Lama "Je suis malade" et Michel Sardou "la Maladie d'amour". Pendant ce temps, Gérard Lenorman chantait "Les Jours heureux" et Michel Fugain sa "Belle histoire". Les duos étaient déjà à la mode: Stone et Charden, Sheila et Ringo, Johnny et Sylvie. Claude François collectionnait les disques d'or et Julien Clerc faisait déjà rêver les jeunes filles. Parmi les chanteuses populaires, Nicoletta était en tête des hits avec "Mamy Blue" et Michèle Torr était la petite française en pleine ascension... "
Par pure curiosité je suis allé voir sur internet ce que les médias populaires retiennent des années 70 en France. Pas de surprise, Magma ne figure nul part et pourtant c'est un des groupes français les plus influents dans le monde et certainement un des plus originaux.
1969 un batteur, Christian Vander, reviens en France après deux ans d'exile et crée le groupe Uniweria Zekt Magma Composedra Arguezdra, groupe qui se retrouve vite nommé Magma et qui gardera ce nom jusqu'à... maintenant.
Un an de tournée puis ils s'enferment dans un studio pour créer leur premier album sobrement intitulé Magma mais qui se verra renommé avec le temps Kobaïa. Album de 82 minutes qui s'inspire du rock progressif, du jazz, du rock, du fusion et qui donnera naissance à un nouveau genre qu'on appellera Zeuhl.
Dans ce premier album Magma raconte l'histoire d'un équipage qui s'enfuit vers une île qui s'appelle Kobaïa pour éviter le désastre qui arrive sur le reste de la Terre (une histoire de monde qui se détruit).
Et tout cet album est chanté en kobaïen, une langue inventée par Christian Vander pour le groupe Magma et qui sera réutilisée pendant toute leur carrière.
Donc, pour résumer, à l'heure des chanteurs à minette un batteur décide de créer un nouveau groupe basé sur une musique qu'on avait jamais entendu, dans une langue imaginée et en plus il raconte la fin du monde. Vous le devinez, le groupe n'a pas explosé les charts avec cet album (ni avec aucun autre d'ailleurs) mais a réussis à faire parler de lui. On retrouvait des critiques de Rock & Folk, disant que l'album est dérangeant, ou encore Jazz Hot qui lui met en avant l'originalité, le professionnalisme et le talent, rien que ça.
Par la suite le groupe signera de nombreux albums (13 albums studios pour être précis, ils ont fait une pause de 21 ans en 1984) qui seront tous de qualité et permettront de gagner un public très fidèle.
Et force est de constater que 46 après leur début le groupe n'a strictement rien perdu de son génie musical et de son authenticité.
Slag Tanz est une suite de morceaux très courts (ce qui est surprenant étant donné la réputation du groupe de faire des titres de 20 minutes en moyenne) qui raconte une histoire (que je n'ai pas encore compris) et qui s'articule autour de deux langues, le kobaïen et le français. Mais au final cet album est plus un grand morceau de 20 minutes articulé en divers chapitres.
Musicalement ? C'est juste excellent, je ne regrette que la très courte durée de l'album (20 minutes). Mais en 20 minutes Christian Vander vous offre un voyage vers un monde totalement magique.