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Album de Cría Cuervos (2000)

Une chronique sur Cria Cuervos ? A quoi bon ? Personne ne connaît ce groupe et ceux qui l'ont connu l'ont déjà oublié !!
(P’tain déjà 20 ans que ce disque est sorti, je n’y crois pas, j’ai l’impression que c’était hier…)
Cette chronique est donc avant tout rédigée à la mémoire des concerts alternatifs et anarcho-punk des années 1990/2000 dans les squats et autres lieux autogérés (Les Tanneries de Dijon, le CICP de Paris 11e, Alternation Paris 20e, l’espace associatif rue de Nanteuil Paris 15e, La miroiterie Paris 20e, le café alternatif de Montreuil et beaucoup d'autres encore…), une grande époque pleine d’effervescence et de bouillonnements musicaux et politiques ; de grands souvenirs, beaucoup de nostalgie de cette époque je l’avoue.
Formé par les deux sœurs Moya, (ex Ahorcados) et Géraldine (bassiste chanteuse de Kochise et également de Cartouche) Cria Cuervos est un trio féminin et anarcho-punk venant de l’Essonne. Féminin mais surtout féministe dans un univers, le punk, où le machisme reste présent, y compris parfois chez les anarcho-punk.
Ce mini album neuf titres de 18 minutes autoproduit et sorti en 2000 alterne chant en français, en espagnol et en anglais, les paroles sont engagées, les morceaux sont courts, rapides, 100% rentre-dedans, ça dépote bien (avec néanmoins parfois l’impression désagréable que ça joue un peu trop vite), le tout étant un brin chaotique (attention pour du punk ce terme n'est pas forcément négatif !) mais c’est l’énergie pure qui prime.
Tout n’est pas carré, loin de là, tout n’est pas parfaitement en place, à l’inverse par exemple d’un Lunachicks, LE groupe punk féminin des années 90 où tout était musicalement parlant toujours en place, au millimètre près.
Ici place au "DIY" et c’est aussi cela qui fait le charme d’un groupe comme Cria Cuervos, ce côté brouillon et de toute façon disons le une bonne fois pour toute ce genre de groupe sera toujours 100 fois plus punk qu’un Green Day.
Les deux meilleurs morceaux s’avèrent être les deux chantés en espagnol (« No somos nada » et « Purgatorio ») mais tous les titres sont un peu coulés dans le même moule musicalement parlant et ce manque de diversité est un léger petit bémol.
Si le groupe ne révolutionne en rien le punk rock, s’il y a pas mal d’approximations (vocales et instrumentales) et un manque de diversité le tout garde néanmoins un côté vraiment sympa et on ne peut que souscrire devant tant de détermination et d’énergie, un groupe qui ne peut donc qu’engendrer notre adhésion et qui force le respect.
Il se dégage beaucoup de force et de caractère, de revendications positives, de révoltes et surtout une sincérité et un engagement sans faille, avec une volonté de faire passer ses idées, de dénoncer (les thèmes abordés étant principalement le féminisme et les luttes sociales, également l’antifascisme et l’Espagne révolutionnaire de 1936), une détermination contagieuse qui fait oublier les défauts mais encore une fois dans ce style musical le contenu « technique » n’est pas le plus important par rapport aux messages qu’on veut faire passer, le plus important étant les idées, (la musique n'étant qu'un support parmi d’autres, le simple maillon d'un ensemble), les textes et l’intransigeance du groupe (sa façon de fonctionner par rapport aux labels, aux concerts, à la diffusion de ses disques...), sa radicalité et son refus des compromis...dans la continuité des mouvements punk "Do it yourself" et aussi « Riot Grrrls ». L'anarcho-punk étant avant tout un mode de vie, une façon de vivre et de jouer de la musique alternative, un choix de fonctionnement différent par rapport à un groupe de rock, y compris punk, lambda.
C'est pour cela aussi que j'avais envie de parler de Cria Cuervos car le trio au final se démène, nous sort un mini album qui tient la route et qui se se rapproche globalement de ce que proposait la scène anarcho-punk française de l’époque, de ce qui se faisait majoritairement il y a une vingtaine d'années (c'est à dire notamment des dijonnais de Heyoka, des parisiens de Brigada Flores Magon et de Kochise bien évidemment), chaque groupe ayant ensuite sa spécificité propre.
Un engagement et une scène musicale qui se perpétue même si les lieux dont je parlais au début de la chronique se font de plus en plus rares.


No somo nada (live)
https://www.youtube.com/watch?v=2PGyA2mzb-U
ce n'est pas une chanson d'amour
https://www.youtube.com/watch?v=q0eejld5U6k

nico94
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le 1 mai 2021

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