1er épisode ici : https://www.senscritique.com/album/runaljod_ragnarok/critique/278049211
Episode 2 ici : https://www.senscritique.com/album/saga_de_ragnar_lodbrock/critique/274852325
Episode 3 ici : https://www.senscritique.com/album/Or_Ymis_Holdi/critique/296442397
Perdre un frère c'est dur mais perdre son jumeau c'est un peu mourir soi même. Comme si le survivant des deux mourrait une deuxième fois. Une entaille profonde, un cœur saignant pour toujours. A chaque fois que le regard se pose sur le miroir voir celui qui n'a pas vécu et celui qui devra mourir encore !
Alors Ceolwulf pleure pendant que Ragnar pris dans un filet et frappé par de nombreux guerriers git sur un sol fangeux, moussu. Un sol doux pour le corps, un matelas si confortable. Il serait si bon de se laisser couler au cœur de la terre, de s’y enfoncer lentement comme dans une eau lustrale, de voyager tel un fantôme impalpable, de se fondre en Jörd la mère bienveillante de tous les êtres vivants. Chaque pas que fait un viking, à chaque fois qu’il touche la belle, la magnifique Jörd au fin visage oblong, aux longs cheveux de soie est béni. Marcher les pieds nus, les orteils poussiéreux ou humides de boue c’est parcourir les courbes arrondies et puissantes de la mère du maître du tonnerre, c’est lui prodiguer et recevoir ses caresses. Il y a bien longtemps avant que Frigg ne la remplace, elle, la géante, la Jötunn s’unit à Odin et lui donna un fils. Le plus puissant de tous, le grand Thor. Alors s’allonger nu sur le sol en regardant le ciel immense, pour un viking c’est un moment magique, c’est s’offrir, faire offrande de son corps et surtout respirer son parfum pour entrer dans une extase que seuls les amoureux de la terre, que seuls les vrais vikings comme Ragnar peuvent comprendre. Que savent ces fous d’Angle et leur Dieu unique ? Rien ils ne savent rien. Leur Dieu est vide, leurs prêtres iniques et leur religion terne, insipide ! Jörd est une mère, une figure bienveillante et sage qui veille sur la vie et la fertilité de la Terre. Sa beauté à peu d’égal et jamais elle ne participe aux batailles. Pourtant elle est là supportant le poids des guerriers, ouvrant ses mains fines et fortes pour les cacher, et toujours elle les nourrit, leur prodigue tous ses bienfaits.
- Dors Ragnar, dors mon enfant, mon chéri, mon amour. Tu ne crains rien. La souffrance n’existe pas. Je te prends sur mon sein, tu es mon fils, je te berce. Tu es mon amant je te serre entre mes cuisses. Tu m’as toujours aimé mon beau Ragnar je le sais. Moi aussi je t’ai toujours aimé. Ne t’inquiète pas Odin t’aime comme tous ses autres fils comme tous les vikings. Nous t’avons vu grandir, nous t’avons chéri, nous avons souvent parlé de toi, de tes folies, de ta bravoure, de ton indéfectible soutien. Dors...mon enfant...mon chéri...mon amour...dors...
Sur le visage de Ragnar, inconscient malgré son corps brisé, un sourire.
- Aaaaaaaaaah !
Un cri animal sort de la bouche de Ceolwul qui a déposé la tête de son frère. Deux rigoles blanches se sont frayées un chemin dans le sang qui souille son visage. Des larmes amères qu’il n’a pu contenir lui le guerrier pourtant habitué à la mort.
- Sa vie, je veux sa vie ! Il doit payer !
Déployant son grand squelette couvert de muscles solides et de plaques métalliques brillantes, cliquetant tel un robot il s’approche l’épée à la main du corps alangui de Ragnar. Sous son filet Lodbrock est nu ayant perdu ses braies dans la fureur du combat. Il respire calmement, on dirait un enfant blotti dans un creux moussu, blotti dans les bras de sa mère. Il est si beau malgré son animalité avec ses peintures bleus et son ouroboros à l’oreille. C’en est fini le serpent va avaler le serpent. Du vide au vide. Il n’est rien, n’existe rien.
La vision de Ragnar sourire aux lèvres décuple la fureur de Ceolwul. Alors il se plante les jambes écartées sur le viking brandit son épée. Un éclat de Soleil vient la caresser quand elle s’ élève. Odin exhale un long jet de fumée, l’épée s’abat !
Sur un rocher elle se brise et ses éclats montent jusqu’aux cieux...Odin sourit !
- Tu vas souffrir, viking, tu vas souffrir. Hurle Ceolwulf !
La suite bientôt, ailleurs !