Metal Morriconnien
« La dernière fois que nous nous sommes retrouvés en studio, c’était parce que nous le DEVIONS. Cette fois, c’est parce que nous le voulions » Billy Gould « Si chaque membre d’un collectif s’autorise...
le 6 août 2015
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« La dernière fois que nous nous sommes retrouvés en studio, c’était parce que nous le DEVIONS. Cette fois, c’est parce que nous le voulions » Billy Gould
« Si chaque membre d’un collectif s’autorise à être soi-même et que les autres le lui permettent, tout se passe tranquillement » Mike Patton
Pendant tout ce temps (depuis 2009) Patton trouve le temps de tourner deux fois avec Faith No More à travers la planète. Malgré son âge avancé, le bougre n’a pas changé et continue de mettre un poing d’honneur à rendre les lives de FNM si particuliers : tantôt à poil, parfois perché sur scène, salto sur la batterie, chantant avec le micro dans la bouche, monte sur les épaules du service de sécurité pour chanter dans la fosse, … Patton reste ce trublion capable du pire (frapper un technicien), comme du meilleur (son chant puissant et juste). La reformation de FNM a toujours était une volonté de Gould, qui a toujours composé pour le groupe pendant la période d’arrêt, dans l’espoir de convaincre toute l’équipe de se reformer. Lors du mariage de Roddy Bottum, Gould et Bordin se mettent d’accord : rejouer ensemble est plus qu’envisageable… reste à convaincre Patton. Le moyen le plus simple étant de lui proposer des morceaux qu’il jugera « bons » selon ses critères. Ensuite, ce qui motive notre homme, c’est la création, donc si cet « espace » est libre et intéressant pour lui, aucune raison qu’il refuse. A l’écoute de l’album, on se rend bien compte que Patton fut « libre » à tel point qu’on se demande parfois pourquoi il hurle (les fans seront ravis, les autres…). La presse ou les communiqués ne laissent rien entendre sur un éventuel nouvel album, le site désigne leur dernière date comme leur enterrement à ce propose. Que nini, le groupe compose bel et bien dans le plus grand des secrets pour enfin annoncer leur projet en juin 2014 puis jouer trois morceaux en juillet où ils apparaissent en Exorciste (marrant, pour un groupe qui s’est autoproclamé mort…), comme s’ils venaient procéder à notre propre exorcisme en lâchant un « Mother Fucker » surprenant. Ceux qui espéraient entendre la suite logique ou un retour d’Angel Dust… vont être très déçus. Faith No more revient, totalement libre, totalement indépendant et cela s’entend.
Pochette étrange tirée de l’œuvre de Ossian Brown, lettre d’or, 10 morceaux, label indépendant, Faith No More apparaît avec des chatons sous le bras, costume blanc et fleurs pour la scène aux antipodes de l’artwork de ce « Sol Invictus », sombre et torturé : Faith No More est toujours Faith No More : imprévisible et provocateur.
Tout en restant fidèle à lui-même, le groupe refait surface un peu comme s’il n’était jamais parti : Piano et éclats de violence restent maîtres à bord. Les morceaux sont courts, à l’exception de Super Hero et Matador, afin de ne pas dépasser la limite de concentration de l’auditeur « 40 minutes suffisent, après tu décroches en règle générale, pour ce genre d’album en tout cas. Slayer, Reign in Blood, c’est parfait par exemple » Mike Patton. C’est à nouveau le grand huit des genres mais l’album est plus homogène que King For a day par exemple, ne cherchez pas un nouveau « Evidence » ou « Easy », chaque morceau, joue dans la même cours : le rock qui frappe. Même Sunny Side Up semble cool et calme lors des premières écoutes, puis au fil du temps, il apparaît vraiment percutant, incisif mais à l’opposé de « Ugly at the morning ». En milieu d’album se trouvent quatre titres à l’ambiance similaire (4.5.6.7), entre Western et toujours cette ambiance de maison hantée, où se trouvent des personnages torturés psychiquement (« RV », « What a day », « Black Friday »). Motherfucker vient un peu « casser » cette série même si le morceau trouve très bien sa place. Matador est un peu le point culminant de l’album : 6 minutes pour rejoindre « El matador » puis tous se souhaitaient de pouvoir revenir d’entre les morts…
Ce Sol Invictus est homogène en beaucoup d’aspects : la batterie militaire (même sur la dernière piste, prenez la batterie, elle se calera sur beaucoup de morceaux hardcore, si on l’accélère à peine), le piano sur la plupart des morceaux choisis pour son intemporalité (selon Bottum, il sonne faux parfois), la guitare sèche à deux reprises, aucun sample, et une ambiance très « morriconniene » tout le long de l’album. Seul Patton réalise à nouveaux le grand écart et créé la surprise en chantant de différentes façons tout le long de l’album : cette voix si grave à la Leornard Cohen au cours de l’intro de Cone of Shame (entre autre), ses cris sortis des entrailles de l’enfer sur SuperHero, hurlements différents sur chaque morceau…
23 ans après Angel Dust, Faith No More sort l’album qu’il aurait du créer il y a bien longtemps, un album sur la rédemption, la maturité.
Sol Invictus sonne moins moderne que le fut Angel Dust à son époque (et résonne toujours aujourd’hui comme bien plus avancé que la plupart des tentatives de certains groupes de sortir des sentiers battus) mais ce dernier opus, c’est l’occasion pour Patton et le reste du groupe de faire la paix avec son passé.
Faith No More est revenu sans tomber dans les pièges banals du retour « On revient parce que les jeunes ne savent pas jouer » « on revient pour montrer c’est qui le patron » « on revient pour l’oseille », non, ils sont revenus « parce que ils se sentent bien ensemble et que jouer et enregistrer est un vrai putain de plaisir »
Et si Patton en as mis de côté tous ces projets annexes, on veut bien les croire.
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le 6 août 2015
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