Metal Morriconnien
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le 6 août 2015
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Avec "Sol Invictus", Faith No More réalise ce que tout le monde attendait et craignait depuis la reformation pour plusieurs séries de concerts en 2009.
L'album, ne se livre pas comme une évidence, et il va falloir plusieurs écoutes pour l'adopter . Ce qui est indéniable, et ce qui est de bon augure c'est que l'ambiance y est immédiatement. Le même soleil écrasant semble illuminer et écraser à la fois les productions, comme on en avait l'impression sur les deux précédents albums, "King for a Day" et "Album of the Year" baignaient tout les deux cette lumière brûlante, produit de l'alchimie étrange qui se créait entre les membres du groupe.
Là où Faith no More nous avait habitué à des entrées en matière directes et brutales, cette fois, c'est avec un morceau lent, à l'ambiance lourde, que le groupe entame les hostilités. "Sol Invictus" introduit l'album et annonce la couleur. Des claviers moins synthétiques que 18 ans plus tôt et une voix de Mike Patton qui exploite un plus large champ de ses possibilités. Il aurait dommage qu'il ne fasse pas profiter à son groupe d'adoption de ses expériences variées, de l'avant-garde à la chanson de variété italienne.
La furie n'est pas en reste avec des morceaux nettement plus énervés comme "Super Hero" et sa série de "GOgoGOgoGOgo !" alternant violence épique et moment de calme amples et menaçants, rappelle qu'on n'est pas là pour bronzer, une caipirinha à la main.
Pourtant, "Sunny Side Up" se déroule langoureusement avec des refrains entêtants qui risquent fort de faire des ricochets dans la tête de l'auditeur après une trop longue exposition, n'oublions pas l'écran total finalement. Et puis arrive "Separation Anxiety" au risque de nous perdre. Lourd, malsain et parcouru d'éclairs colériques, le morceau est l'un des plus réussis de l'album, s'y laisser prendre est un bonheur jouissif, on jurerait voir les cheveux blancs de ces quasi quinquagénaires disparaître.
Mais l'expérience a du bon, en mûrissant le groupe nous permet de profiter du western déglingué et désabusé qu'est le superbe "Cone of Shame", la voix de Patton n'hésite pas à nous gratifier de ce qu'elle a de plus caverneux avant de monter au front dans la dernière partie épique.
"Rise of the Fall" rappelle que le groupe n'a jamais craint d'intégrer des élément de kitsch dans ces morceaux, à côté des guitares enragées et obstinées de Jon Hudson se promène une mélodie dans la veine de "Midnight Cowboy", un peu italienne sur les bords, avant que les rugissements de Patton ne débarquent d'on ne sait où.
"Black Friday" se repose sur une guitare accoustique elle aussi très western pour une petite victoire particulièrement bienvenue.
Arrive le single qui n'avait pas rassuré les fans, "Motherfucker". Il fallait quand même oser, comme premier aperçu, mais c'était aussi sans doute le bon moyen de ne pas spoiler l'album avant sa sortie (bon il y a eu leak mais ça c'est autre chose). Mike Patton adopte un phrasé très rap soutenu par un piano puis une batterie martiale de Mike Bordin, et enfin le groupe au complet. C'est un peu déroutant la première fois, mais le morceau trouve une place de choix dans l'album, et il devient particulièrement attachant.
Bien-sûr, le point culminant arrive avec "Matador" au piano hypnotisant qui cède peu à peu place aux guitares. La douceur n'est qu'illusion, elle ne fait que préparer à l'explosion à retardement. Le groupe y révèle son meilleur, montre qu'il avait encore des choses à dire et à faire. Impossible de se défaire du morceau une fois qu'il aura consciencieusement et adroitement planté ses banderilles dans votre cerveau.
Et comme on est chez Faith No More, il ne faut pas prendre les choses trop au sérieux, la tension fait place à la chaleur avec l'ironique "From the Dead" (qui après 18 ans aurait fait un beau titre à l'album aussi) dans la traditions des morceaux les plus calmes du groupe comme l'était "Take This Bottle" ou la reprise de "Easy" par exemple.
Une fois que l'album est terminé, et il est relativement bref, ce qui n'aide pas, on se demande alors où on se trouve, il est très difficile de se faire une idée à la première écoute, on se demande où tout ça voulait bien aller, plusieurs fois, les choses s'apaisent quand on croit que la colère va l'emporter ou alors c'est l'inverse,et...et voilà : c'est un album de Faith No More ! Le groupe n'a pas oublié de surprendre, et c'est ce qui lui permet de garder sa pertinence après une séparation plutôt amiable et sans avoir publié d'album depuis, rappellons-le une dernière fois, 18 ans. Une génération. Le titre de l'album n'est donc pas usurpé, sur de nombreux points. Et allons, puisque la fête de Sol Invictus avait lieu tous les 25 décembre, disons-le, cet album est un cadeau de Noël six mois avant l'heure !
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Créée
le 26 mai 2015
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