Nous voilà donc devant ce troisième et dernier volet de la trilogie dite de la reconstruction. Et quelle meilleure façon de conclure si ce n’est en signant son premier succès américain ! En effet, grâce à « People are people », la bande de Basildon (devenue Berlinoise depuis peu) gagne enfin leur notoriété internationale. Pourtant, j’ai bien plus de réserves sur cet album que sur le précédent.


Pourtant, j’aurais du me réjouir : Dave Gahan chante enfin ! Ce ne sont plus les synthés qui font les refrains mais sa voix suave et profonde accompagnée de celle de Gore. Nous pouvons d’ailleurs apprécier ces prestations vocales sur le single. Bon ok, les lyrics sur le racisme et l’acceptation d’autrui sont un peu bateau « I can’t understand - What makes a man - Hate another man - Help me understand » mais avouez que ce pré-refrain suivi du refrain font des merveilles accompagnés du bricolage / recyclage instrumental derrière, qui reprend la sauce industrielle lancée sur « Construction Time Again ». Puis les paroles d’un tube se doivent pas forcément d’être complexes, mais au moins universelles et faciles à retenir. « People are People » fait tout ça, et très bien, même si au départ, le groupe ne croyait pas forcément au potentiel de ce morceau.


Mais du coup, le problème sur ce « Some Great Rewards », c’est que Dave chante trop, et ça se sent plus particulièrement sur le milieu d’album : « It Does’nt Matter », « Stories of Old » et « Somebody », avalées comme ça une après l’autre à la suite, ça plombe l’ensemble. Mais il n’est pas le seul coupable, Gore écrit ici ses titres les plus mièvres et les plus fades, des ballades d’adolescents qui déteignent un peu avec la maturité des paroles qu’ils essayent pourtant d’atteindre. Et puis je trouve les mélodies plutôt peu inspirées, parfois même aussi vide dans la production que sur « A Broken Frame ». Non vraiment, gros bémol sur ces trois titres.


Surtout que l’album démarrait sur les chapeaux de roue avec le dynamique et rugueux « Something To Do », d’une allure folle avec ses boucles de synthés hypnotiques, son choeur virtuel et son rythme mécanique. « Lie To Me » est aussi de très bonne facture ; tu vois Gore quand tu veux, tu gères ce genre de ballade ! On ne peut néanmoins pas lui en vouloir car c’est sur cet album que viendront les premières polémiques. « Blasphemous Rumours » ironise sur le sens de l’humour de Dieu, provoquant ainsi la colère du prêtre de leur ville natale, le single « Master and Servant » évite de justesse une censure capitaliste et leur attrait pour le sexe se dévoile sur la plupart des textes.


De nombreux coups d’éclats entourés de passages oubliables ou loin d’être marquants, on reproche donc à raison à « Some Great Reward » son manque d’homogénéité. Par contre, c’est un passage obligé dans leur carrière puisque le succès rencontré est sans aucun doute le coup de boost dont ils avaient besoin pour créer la fournée de chef d’oeuvres discographiques qui suivront. Tout cela après un best-of retraçant cette première partie de carrière, où ils se sont cherchés… et se sont trouvés !

Strangeman57
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le 18 déc. 2014

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