20 ans.
C'est le nombre d'années qu'il a fallu à Devo, mythique groupe new wave d'Akron, Ohio pour nous pondre un nouvel album rempli de dévolution, d'ironie et d'énergie.
Total Devo et Smooth Noodle Maps, les deux derniers albums sortis respectivement en 1988 et 1990 ont déçu, beaucoup déçu.
Le groupe se sépare en 1991, les membres explorent de nouveaux horizons. Le groupe se reforme en 1996 (avec Josh Freese a la batterie) pour un concert au festival de Sundance, puis a Lollapalooza. La machine Devo est relancée et un nouvel album est déjà dans les idées directrices (selon Jerry Casale). Cependant, Mark Mothersbaugh a lancé Mutato Muzika, sa société de production musicale avec laquelle il composera de nombreuses soundtracks (dessins animés, films, jeux vidéos...). L'album de Devo semble compromis. Le groupe continue en tout cas de tourner et d'effectuer des concert a travers le monde. Finalement, en 2007, un single est prêt : "Watch Us Work It". Le morceau est construit sur un sample de "The Super Thing" (extrait de l'album New Traditionalists). On retrouve, guitare, synthé et vocodeur, éléments classiques du son Devo. Entre 2007 et 2009, l'incertitude persiste pour les fans. Mark et Jerry échangent leur idées sur le nouvel album avec deux points de vue : l'un (Mark) annonce que l'album ne sera pas, tandis que l'autre (Jerry) persiste et signe, l'album sortira sous peu.
Puis en 2009, le rideau tombe : "nous avons 17 morceaux composés pour cet album" dit Mark Mothersbaugh pour Rolling Stone. Tout début 2010, alors que Devo joue en ouverture des JO d'Hiver au Canada, un sondage est proposé aux fans sur internet pour décider de la tracklist finale du nouvel album dont le titre sera Something For Everybody.
Ce nouvel album comporte 12 morceaux, mêlant son typique de Devo et nouvelles technologies. "Fresh" ouvre l'album à fond la caisse. Le son plus morne du "Devo 1990" a disparu. La guitare et le dynamisme prime sur le premier single extrait de l'album.
"What We Do" réitère l'exploit dans une explosion de synthpop débordant d'énergie comme Devo n'en a pas fait depuis 1982. Les paroles sont là aussi pour nous ouvrir les yeux : la dévolution est partout, même dans la vie quotidienne. "Please Baby Please" renoue avec le côté 50's a la sauce new wave, mais sans tomber dans le hors sujet. "Don't Shoot (I'm a Man)" marque un autre point. Le morceau est lui aussi explosif et mérite de figurer au top 10 des meilleurs morceaux jamais écrits par le groupe.
"Mind Games" démarre comme un vieux jeu vidéo. Pas besoin de réinsérer de pièce, la machine est déjà partie au quart de tour. "Human Rocket" clôt la première partie avec une intro a la Ultravox et de l'autotune. Le morceau file la pêche. "Something" retrouve la rythmique de "Whip It" et en général quasiment tout les éléments qui ont fait le succès de l'album Freedom Of Choice. "Step Up" est peut-être un peu plus a côté mais sonne tout aussi frais que le reste. "Cameo" est un peu plus lent et évoque cette fois Oh No !... avec des imitations de voix. "Later Is Now" s'est échappé de New Tra tandis que "No Place Like Home", plus lent, évoque tout ce que Mothersbaugh a pu faire en solo sous sa casquette de compositeur cinéma. L'album se clôt par le plus faible "March On".
On se rend compte avec cet album que même 35 ans après, les gars de Devo ont toujours de bons trucs a proposer. Contrairement au médiocre Funplex de leurs collègues B-52's, Devo parvient avec Something For Everybody à réintégrer leur new wave ironique dans le paysage musical de 2010. L'album respire la joie de vivre, l'énergie positive et vous donnera la pêche. La production est un peu trop léchée a mon goût (pour un album de Devo en tout cas), mais réussira a faire découvrir Devo a de nombreux néophytes. Beaucoup de morceaux n'ont pas été utilisés pour l'album, ces morceaux sortiront en 2014 sous le nom Something Else For Everybody, à la manière de New Order et de ses Lost Sirens.
Au final, Something For Everybody est un album solide. Entre 2010 et 2014, les membres de Devo ont parcourus le monde pour le promouvoir, jusqu'au décès de Bob Casale, second guitariste et clavier du groupe. Devo s'est alors lancé dans la charité en donnant une quinzaine de concerts afin de récolter des fonds, le défunt n'ayant pas eu d'assurance vie. Aujourd'hui, Devo est en pause. L' avenir du groupe est remis en cause par les projets toujours plus fous de Mark Mothersbaugh, allant de la compo de films aux projets de parc d'attractions...
Quoiqu'il en soit, le groupe a prouvé en 40 ans que la dévolution est réelle : suffit de jeter une oreille a la discographie du groupe !