Il y a de ces disques. Ceux qui bénéficient d'un a priori tellement positif que tu serais prêt à lui pardonner tous les défauts du monde. Même le plus horrible beuglement sur 20 minutes, même ça, tu serais prêt à fermer les yeux.
Song Cycle pourrait presque en faire partie. Après tout, Van Dyke Parks a l'air d'un homme parfaitement respectable. Rien que son nom et sa pochette sont très soignés, je ne me plains pas. Et puis l'homme a quand même collaboré avec les plus grands. The Beach Boys en particulier, ce n'est pas rien. The Byrds également. Notons finalement que l'album ne s'est presque pas vendu et a sombré dans un tout relatif oubli. Ainsi sans même l'écouter, Song Cycle c'est juste "La plus grande perle oubliée des sixties, composé par le génie de l'ombre qui a façonné le son des années 60". Oui, les idées montent vite à la tête, mais c'est jouissif de se dire qu'on va pouvoir enfin se la péter avec sa culture de fou auprès de tous ces ignares analphabètes.
J'ai hésité un moment, et je me suis dit qu'il serait quand même bon d'y jeter une petite oreille. Comme ça, pour vérifier. Parce qu'on sait jamais... Et ah ! Non ! Ai-je vite déchanté...
Ce disque...
Est...
Un...
GROS...
FOUTOIR !
Et pas dans le bon sens du terme, bien malheureusement. Van Dyke va partout et nulle part. Il essaye tout, n'importe quoi, se dit que ça va marcher, mais on ne s'attache à rien, et finalement il se plante magistralement à chaque note ! Et que je te mélange du baroque/classique avec du ragtime le tout saupoudré de Folk. Et qu'on s'en fout des mélodies, après tout ma vision de la musique est tellement révolutionnaire qu'on en a pas besoin ! Et que ma chanson n'a aucune cohérence, et que j'ai plus aucune idée, allez ! piquons dans les célèbres mélodies classiques, ça fait toujours sérieux.
Ce disque est un exercice de style. Il aurait presque pu être parfaitement réussi si Van Dyke Parks avait pris en compte le fait que des gens allait l'écouter. Malheureusement, il tombe du coup dans la démesure la plus totale et me perd au passage à la manière d'un album de rock progressif de mauvaise facture (j'ai Pawn Hearts en tête, mais tout le monde a un petit album de prog personnel sur lequel il aime cracher.).
Bref, oublions ce malheureux petit interlude accidentel.
Ceci est surement la plus grande perle oubliée des sixties, composé par ce génie de l'ombre qui a façonné le son des années 60, Van Dyke Parks.