Cet ensemble CD/DVD est absolument superbe. D’abord car le CD est plus long de 3 titres que le DVD, ce qui est plutôt l’inverse dans la majorité des cas. Ensuite, cette performance de Luther est absolument grandiose, puissante par l’énergie qu’il dégage et émouvante car c’était une de ses dernières. Heureusement que tout ça a été enregistré pour garder en mémoire cet incroyable bluesman qu’était Luther, grand guitariste et qui avait noué avec la France et le public français une vraie histoire d’amour. Le 4 juillet 97, Luther se produisait au festival de jazz de Montréal, filmé par la télé canadienne. Impossible d’imaginer en l’entendant se donner à fond en public, comme il le faisait à chaque concert, que 4 jours plus tard, on allait lui annoncer qu’il était gravement malade et qu’il devait annuler tout le reste de sa tournée. Il ne remontera plus jamais sur scène…
Pas question ici de la moindre baisse de régime, la voix de Luther reste puissante, son jeu de guitare intense, même si une certaine tristesse semble se dégager d’un morceau comme « (Watching you) cherry red wine »), après tout c’est l’essence même du blues. Quand il chante à la presque fin « It hurts me too », on a l’impression qu’il pressent la maladie qui va l’emporter à la vitesse de l’éclair et nous fait ses adieux mais c’est peut-être une impression a posteriori de ma part. Luther reste lors de ce concert égal à lui-même, d’une énergie folle, d’une parfaite maîtrise, en bref, heureux d’être là et souriant, vivant. Du blues-rock qui ouvre la soirée, « Cancel my check » à « Will it ever change » et « You can, you can » en passant par le morceau signé par son fils Bernard, « Low Down and Dirty », tout est de très haut niveau. Il se permet même de dialoguer avec sa guitare sur « There comes a time », fantastique ! Et puis arrive la conclusion sur « Serious », eh oui, « sérieux », franchement, après toute l’énergie déployée ?! Non, c’est son sourire constant dont on se souviendra et de ce magnifique jeu plein de groove, pas de cette satanée maladie qui l’emporte le 12 août suivant, un peu plus d’un mois après ce concert canadien. Il n’avait que 57 ans et aurait pu encore nous offrir tant de bonne musique. Mais ce qu’il nous laisse, en particulier ses live, sont délectables. Un grand musicien tout simplement.