Cet album voit une première pour Godflesh à ce stade, à savoir l'utilisation d'un batteur live, en la personne de Bryan Mantia, de Praxis, et qui officiera plus tard pour Primus et Guns N' Roses notamment (rien à voir de près ou de loin avec Godflesh donc), et Justin Broadrick a beau considérer, a posteriori, cette nouveauté comme une erreur (de même que pour Hymns), elle ajoute indubitablement du caractère à cet opus, lui permettant de faire sa place au sein de sa discographie.


Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'aspect plus groovy voire funky et moins mécanique d'un batteur humain ne dénature pas tant que cela la musique du groupe, qui est loin de perdre son unicité (tout ce qui a participé à la renommée du groupe est là, avec juste ce petit truc en plus) et surtout sa qualité.


Au-delà d'être « Godflesh avec un batteur », on peut noter une influence hip hop parfois plus prononcée qu'à l'accoutumée, parfois une emphase intéressante sur l'atmosphère, et une volonté de varier les plaisirs (Kingdom Come qui ne contient que peu de vocaux hurlés, la céleste Frail qui n'en contient aucun, etc.).


L'opus a beau probablement être un des plus accessibles du groupe au commun des mortels et le moins « punitif » (dans le bon sens du terme) pour ceux-ci, il ne s'exonère hélas pas de quelques faux pas, non pas des pistes bonnes à jeter, fort heureusement, mais des longueurs (Wake, Hunter et Time Death and Wastefulness qui auraient probablement gagné à être raccourcies vu ce qu'elles proposent, Gift from Heaven les toise largement et sa longueur semble pourtant pleinement justifiée) et un ventre mou allant de Amoral à Kingdom Come (cette dernière n'a effectivement pas que des qualités, semblant vraiment aller nulle part) ainsi qu'une Almost Heaven qui ne semble pas le meilleur choix pour conclure sur la meilleure note possible (Frail m'aurait semblé être une meilleure fin).

J'ajouterais que j'adore la pochette, le clin d'œil à Leonard Cohen, qui n'est pas le premier du groupe, et le fait qu'il ait été accompagné par un album remix l'année suivante.

Abris_Cubalys
8
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le 1 août 2024

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