Dans sa quête d'une pop avant-gardiste avec un pied dans le passé (les sixties notamment) et un autre vers le futur, Stereolab est un groupe qui n'a cessé de chercher, de se bonifier à chaque album. Passé les premiers albums bruitistes, le groupe opère une mutation vers une pop mélodique ultra-travaillée où le contraste de voix fluette de Laetitia Sadier (qui chante souvent en français au sein d'un groupe essentiellement britannique !) porte des chansons-mondes esquissant à chaque fois une porte vers un délicieux autre univers.
Chaque album même imparfait dispose régulièrement d'une poignée de titres à même de hisser définitivement le groupe (défunt ? Au point mort ? Définitivement endormi ?) vers les sommets. Il suffit de jeter un oeil dans le rétroviseur pour se délecter d'un "Cybele's reverie", d'une "Miss Modular" ou de "fluorescences". Mais les albums n'étaient pas toujours entièrement homogènes, une chanson plus longue et inutilement étirée pouvait risquer de déséquilibrer le précieux édifice.
Or, sur Sound-Dust, rien de tout ça. Ici tout simplement, tout tient d'autant plus la route que chaque chanson change littéralement en sa moitié. C'est double-face : sur une même chanson on a deux face, un côté ballade puis vers 2 ou 3 minutes, on bascule dans du David Lynch pop. Et sucré. Mais quand même un peu inquiétant comme chez Lynch. Toujours le jeu des contrastes en somme, et encore plus assumé que par le passé. Et puis chaque chanson semble porter une énergie et une dynamique fabuleuse. Vous écoutez ça le matin, vous êtes parti pour passer une merveilleuse journée. Ou matinée, suivant que la vie ne fait rien que vous embêter.
Mais heureusement il nous reste la musique hein ?