Évidemment, il fallait que le dernier album non critiqué de Pink Floyd sur SensCritique fût celui-ci : pensez donc, une bande originale, une œuvre de commande, qui a en plus le malheur de s'intercaler chronologiquement entre A Saucerful of Secrets et Atom Heart Mother, deux œuvres (les albums et les chansons), beaucoup plus ambitieuses... éminemment oubliable, copie vite pissée, sans intérêt ?
En un mot : non. En deux mots : non non. Après un Saucerful intéressant, mais qui évoquait assez un poulet sans tête courant dans toutes les directions, la proposition de Barbet Schroeder constitue une véritable bénédiction pour le nouveau Pink Floyd, en lui offrant quelque chose de précieux : une direction où aller. Un cadre dont le quatuor avait visiblement besoin. Du coup, avec cette consigne simple et claire (« faites-moi de la musique pour mon film de hippies »), le groupe nous pond quelque chose de tout à fait honorable, pas loin d'être un petit chef-d'œuvre à sa modeste échelle. (Qui l'eût cru : utiliser « Pink Floyd » et « modeste » dans la même phrase, c'est possible !)
Ça reste du Floyd, donc très atmosphérique et très sombre, mais d'une beauté inouïe par endroits : ainsi de l'écho infini de Cirrus Minor, de la légèreté du couple guitare-piano sur Green Is the Colour et Cymbaline, du lancinant Crying Song, de l'angoissant Quicksilver. On y trouvera également quelques originalités qui valent la peine d'être écoutées, comme ce diptyque The Nile Song / Ibiza Bar (deux variations sur le même thème : ils ont le droit, c'est une BO), la meilleure excursion du groupe dans le domaine du hard rock, bien supérieure aux piteux Run Like Hell et succédanés de l'ère tardive, ou la bien nommée More Blues qui les voit retourner à leurs racines les plus profondément enfouies, par-delà Piper.
Ne passez pas à côté.