Un album d'un groupe principalement connu pour une ballade acoustique qui ose s'appeler Soup ? Ça doit être chiant et sirupeux (lol), non ?
Non, très justement. Il a beau faire les choses en douceur (même dans les instants plus « rock ») et avoir son lot de ballades acoustiques, cet album n'a en réalité de soupe que son nom et sa pochette peu ragoûtante, qui doit être en fait le seul mauvais moment de l'opus en lui-même avec la poussive Vernie et d'autres très rares instants moins percutants.
On part d'un son typiquement alternative rock des années 1990s et on y ajoute un esprit grunge, tout un tas d'idées intéressantes, des instruments peu utilisés dans la scène, et un Shannon Hoon charismatique, qui rejoindra malheureusement la liste des trop tôt disparus (liste qui ne fera hélas que s'agrandir).
Alors, non, contrairement à ce que sous-entend la critique qui précède la mienne, Soup n'a pas grand chose d'un OK Computer, mais puisque la perche est tendue, en admettant que Shannon ait pu rester parmi nous, pourquoi ne pas imaginer un troisième opus (bon, y en a eu un 13 ans après, mais je parle du vrai Blind Melon, celui avec Shannon quio) qui serait de sa famille ? À savoir un album plus aventureux que son prédécesseur (avec notamment l'incorporation de claviers et de synthés et plus de libertés prises dans les structures des morceaux) et qui les pousseraient en même temps encore plus sur le devant de la scène aux alentours de 1998-1999 ? Cet All Right CPU mettrait tout le monde d'accord, j'en sûr !
Et ensuite, ils seraient lassés du succès de celui-ci et, aux environs de 2002-2003, pondraient un double album nommé Forgetful Child aux influences jazz, électronique, ambient et classiques, s'inspirant d'autres artistes que ceux qui ont donné des idées à la bande à Thom Yorke. Il comporterait notamment :
- Un morceau titre, avec un Shannon Hoon à la voix totalement trafiquée
- Factory of Morons, parsemé de rythmes breakcore à la Venetian Snares et de samples distordus et backmaskés à la Boards of Canada,
- Hymn for the Country, inspiré du free jazz et du jazz expérimental d'Ornette Coleman,
- How to Vanish Totally, aux cordes dramatiques,
- Chasing Grizzlys, court interlude résultant d'expérimentations au synthé et à la guitare
De quoi ? Je vais un peu loin ? Sans doute. N'empêche que sans aller jusque-là, le groupe aurait largement pu continuer et sortir de bons trucs en continuant sur cette voire.