1986, le jeune thrash metal étasunien accouche de trois monstres, Peace Sells… But Who’s Buying de Megadeth, Master of Puppets de Metallica et enfin celui qui nous intéresse le terrible Reign in Blood de Slayer (en espérant que le gardien du Temple métallique ne m’en veuille pas trop de ne pas avoir cité à l'occasion Darkness Descends de Dark Angel). Album culte dirons nous de manière triviale. Et pourtant s'il ne doit en rester qu'un, Reign in Blood remporte haut la main la palme. Rares sont les albums de metal tous genres confondus qui proviennent de cette décennie ayant su éviter autant les outrages du temps et fautes de goût. Quant aux thèmes abordés, il est de bon ton de les juger comme cliché (satanisme, la mort et autres merveilles), et pourtant force est de constater que la sincérité et la conviction de nos quatre californiens mettent un terme aux supposées moqueries (avez-vous déjà croisé le regard de Jeff Hanneman ?).
Deux ans après ce coup de tonnerre, Araya, Hanneman, King et Lombardo reviennent avec le dénommé South of Heaven. Première remarque, Larry Carroll signe de nouveau cette fameuse pochette (comme celle du prochain disque clôturant ainsi cette fameuse trilogie). Pour rappel, deux choix s’offraient à Slayer à l'époque de l'enregistrement du successeur de Reign in Blood : la redite ou bien aller de l’avant. Mais si aller de l’avant signifie un album encore plus violent, rapide ou "heavy" (gimmick délicieux que la plupart des groupes de metal nous servent à chaque fois avant la sortie d'un nouvel album), la dite "évolution" sonne souvent comme une délicieuse parodie. Or rien de cela ici. Nos quatre garçons ont choisi une autre alternative, la contre allée, au risque de décevoir : ralentir le tempo (une première pour le groupe), y incorporer quelques (vicieuses) mélodies (Tom Araya se mettant à véritablement chanter sur quelques chansons - sacrilège) et amplifier ainsi les atmosphères malsaines chères à la formation.
A part dans la discographie de Slayer, South of Heaven a le désavantage initial d'être situé entre un album culte, dont la radicalité musicale sert encore aujourd'hui de mètre étalon, et un autre (Seasons in the Abyss) faisant office d’album synthétisant parfaitement la décennie thrash écoulée. Un album qui serait donc mal aimé ? Sans doute. En partie du moins. Rares sont les albums dits bancals qui contiennent une bonne moitié de classiques. Autre point de désaccord parmi les fans, le mix proposé par Rick Rubin. Le producteur fut accusé d'avoir mis trop en avant la batterie de Dave Lombardo, au détriment des guitares de la paire Hanneman/King (et leurs fameuses joutes destroy). Cependant si ce choix surprend au départ, le résultat final n'a rien de catastrophique, et ne détonne pas d'une certaine manière avec cette volonté de jouer la carte de l'originalité.
Au démarrage, South of Heaven/Silent Scream/Live Undead assomment l'auditeur, Lombardo nous gratifiant d'une de ses plus belles prestations (dont l’introduction du morceau éponyme). Grand adepte de la provocation, après les méfaits du docteur Mengele sur Angel of Death deux années plus tôt, la censure goûta de nouveau peu les paroles de Tom Araya sur le classique Mandatory Suicide. Certes, à partir du sixième morceau, Ghosts of War (dont l’introduction reprend la fameuse outro de Raining Blood), le niveau des chansons baisse d'un cran (dont la reprise de Judas Priest Dissident Agressor), mais jamais au détriment de l’aura sombre qui règne sur l'album, à l'image du dernier morceau, l’incommensurable Spill the Blood, ou l’une des introductions les plus malsaines qui m’ait été donnée d’entendre (et la suite n’est point en reste).
Un classique du thrash metal.
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2008/10/au-sud-rien-de-nouveau_13.html