Souvenirs par Nolwenn-Allison
Depuis How To Measure a Big Planet, album sorti cinq ans plus tôt, les Hollandais avaient mis du soda dans leur vodka et délaissaient les compositions incisives pour se concentrer sur une musique plus contemplative et plus recherchée. Avec Souvenirs, cette tendance atteint son apogée.
Souvenirs plane entre éther et pesanteur. Si la musique semble refléter une profonde sérénité, le tout porté par la voix aérienne d'Anneke, elle recèle des accents tourmentés qui parcourent tout l'album. On aimerait tellement se poser, s'allonger dans l'herbe en réponse à leur invitation dans Broken Glass et juste se laisser transporter. Pourtant, il y a cette profonde mélancolie qui pèse tout au long de l'album, incarnée par des sonorités divinement désagréables, tantôt traditionnelles (guitare et basse en tête), tantôt électroniques. Pour représenter un peu mieux la chose, je comparerai Souvenirs à un jour de canicule : d'un côté, on se sent bien parce que le soleil brille, mais on étouffe et on attend désespérément que l'orage tonne pour rétablir l'équilibre. Cet orage, ici, s'appelle Monsters, un morceau plus classique et plus facile d'accès, un cri de rage dans un océan de langueur. Mais il ne ramène pas avec lui une musique plus épurée. Au contraire, la fin de l'album n'en est que bien plus sombre.
En adoptant comme fil conducteur les souvenirs d'une relation difficile, The Gathering se débarrasse complètement de son étiquette métal via laquelle ils se sont fait connaître et pondent leur meilleur album, c'est certain. L'instrumental joue sa partie avec subtilité, intimiste en général, mais livrant de magnifiques morceaux de bravoure (cf la fin de Broken Glass et de Souvenirs). Idem pour Anneke, dont la voix polyvalente se met au service de la palette d'émotions, plutôt vaste pour le coup, de l'album.
Servi au Petit Salon de Musique de Couac, j'espère que les SensCritiquiens apprécieront de même cette petite pépite.