Aaaaah, Star Wars ... Ça fait bien longtemps que je me préparais à l’analyser, mais ne l’avait pas fait parce que je trouvais qu’il y avait trop de richesses (de peur d’en oublier) pour être traité en moins de 400 pages ^^ Mais grâce une vision du film axée sur la musique, préparez votre Marche Impériale, et entrons dans le domaine sacré de la musique de film dédié à la Guerre des Étoiles, l’empire de John Williams ...


Ce qui est marquant dans Star Wars, c’est sa perfection apparente : toute semble lié et connecté, en interaction constante (les instruments entre eux, les motifs entre eux, le ressenti des personnages avec les points de synchro, ...), comme une harmonie sans faille. Star Wars, c’est vraiment un tout.


On retrouve l’orchestre symphonique du premier opus au grand complet tel qu’il était utilisé en courant romantique, avec tous les instruments classiques que l’on peut imaginer : les flûtes chaleureuses, les cordes qui font vraiment office de caméléon (suaves, douces, hachées, tragiques, lentes, soutenues, ... bref, y'a de tout), les cuivres qui libèrent toutes leur puissance (tant pour l'Empire que pour certains actes héroïques), les percussions irrégulières donnant un ton martial aux séquences impériales, et les cymbales, harpe, triangle, marimba et autres vibraphones (xylophone métallique) chers à ses musiques d'action.


Déjà, la Marche Impériale. Le thème qui traversera les siècles comme hymne incontesté du mal. Toute la puissance du côté obscur est palpable à travers ces (quelques ^^) notes. Des roulements de tambours impriment un ostinato inarrêtable, alors que des trombones tout-puissants balancent un motif au rythme agressif centré autour d’une note marquante (toujours placée sur les temps), complété par des cordes dynamiques et un marimba pétillant. Sa simplicité, où plutôt son évidence de structure, lui permet une énorme élasticité et liberté de placement, occasionnant des leitmotivs aux couleurs sans arrêt changeantes, capables de surgir soudainement et de le rendre toujours plus explosif aux oreilles. Sa seconde partie chromatique n’est même pas nécessaire à toutes ses apparitions, la première étant déjà si significative. Énormément mis en valeur pendant les transitions, et bien sûr durant les passages à l’action de Dark Vador, c’est une constante variation de hauteur, de tonalité, de vitesse, d’instruments (tous les cuivres y passent), et même de motif (changement ponctuels de mélodie parfois) qui rend ce thème si omniprésent et mémorable.
Et même hors-motif, c’est toute une rythmique qui accompagne les actions de l’Empire, avec des ostinatos et des motifs secondaires (« Battle of Hoth », essentiellement) : notamment dans « Departure of Boba Fett », où un motif martial et menaçant apparaît après la carbonisation d’Han (à un moment où l’Empire acquiert encore plus de puissance), que l’on pourrait toutefois associer à Boba Fett.


Mais, comme à l’habitude dans les Bo de Williams, il est bon de rappeler, que la force de Star Wars V ne réside pas que dans ce thème, et qu’il en comporte énormément d’autres ! En plus des anciens thèmes comme celui de la Force, de Luke et des Rebelles ré-exploités avec parcimonie, trois autres nouvelles compositions font une entrée fracassante. Le thème de Lando, très jovial et accueillant (les Stormtroopers le sont déjà beaucoup moins), candide et enjoué à la Harry Potter, sert bien évidemment à provoquer une fausse sensation de sécurité, trop importante pour être réelle. Le magnifique thème de Yoda, paisible et reposant, est une démonstration de la sagesse et de la patience du maître Jedi. Comportant deux motifs (le principal, cadencé par ses tierces descendantes, et un autre beaucoup plus léger et burlesque), « Yoda’s Theme » exploite merveilleusement bien cette lenteur en utilisant des sonorités très chaleureuses (flutes, harpes, et unissons mélodiques reposants aux cordes), lui permettant de s’accorder magnifiquement bien au thème de la Force dans « Lando’s Palace », lorsque Obi-Wan et Yoda conjurent à Luke de ne pas se rendre à Bespin. Par ailleurs, ce thème est restitué dans une fanfare héroïque beaucoup plus dynamique lors de l’escapade de Leia, Lando et Chewie, qui rappelle ce que disait Yoda au sujet des amis.


Le dernier thème phare est celui de Han et Leia : un vrai love theme à la John Williams, représentant un amour encore précoce, mais des sentiments déjà puissants (le motif est très expressif et ample, mais marque encore une certaine hésitation, une résolution est attendue à son écoute) : il est repris à bon nombre d’endroits aux bois, et magnifié par les cordes et les cuivres dans la scène de carbonisation de Solo, où il prend une dimension tragique et fataliste (cette pause ajoutée qui vient marquer les esprits entre les deux parties du motif), puis désespérée et plaintive par la suite. Il annonce toutefois l’espoir de retrouvailles lorsqu’il clôture le film avec le thème de la Force dans une magnifique envolée orchestrale (et un motif enfin complet et résolu).


Et bien sûr, le talent de John Williams fait interagir tous ces éléments ensemble avec une fluidité au moins égale à celle des images, si ce n’est plus ^^. Des musiques d’actions dantesques voient le jour comme « Battle of Hoth » ou « The Duel », dynamisées par la toute-puissance du thème impérial : massif dans la bataille d’ouverture, mais beaucoup plus tragique et fataliste dans le duel (c’est pourquoi il sera réutilisé dans Star Wars III lorsque Sidious affrontera Yoda). Les arguments défilent à une grande vitesse, aboutissant à une musique en constante évolution ; le choix des instruments et de ton fait toujours preuve de subtilité : que ce soit lorsque Luke se réveille prisonnier dans la caverne polaire, lors des dialogues et des entraînements avec Yoda sur Dagobah (pizzicatos et arpèges à la harpe), ...


La synchronisation est juste parfaite : les points de synchro sont toujours plus réfléchis : par exemple cette très belle utilisation du style dissonant lors du combat irréel de Luke, parfois ponctuée par le thème de la Force joué de manière très fébrile, comme s’il ne pouvait pas résoudre par sa seule présence le mystère auquel Luke est confronté. Le thème de Dark Vador n'est est pas réutilisé ici, indice de l’irréalité de la chose. Les moments d’ambiance pure avec Vador sont également transcendés, le spectateur est véritablement en haleine : le passage à la scène de torture interrompt les cordes et les flûtes douces et pose le leitmotiv le plus menaçant du thème de Dark Vador, avec son trombone extrêmement grave. L’apparition de l’empereur laisse également présager de la puissance du côté obscur qu’il émane, et qui jouera un grand rôle par la suite. La carbonisation de Han est excellemment bien gérée pour cela, alternant entre les motifs restitués à pleine puissance et les transitions musicales toujours aussi travaillées.


C’est plus qu’une confirmation de la qualité de la saga, et de la Bo : à ce niveau-là, c’est la certitude que les deux vont rentrer dans l’histoire. Toute la puissance de l’orchestre et tout le talent de John Williams sont au service de l’un des plus bels opus de la plus belle saga cinématographique jamais réalisée. C'est un grand renouvellement, Williams exploitant de manière beaucoup plus modérée le thème de Luke (le film n’étant plus sur le même ton d’héroïsme), et beaucoup plus captivante pour le thème de la Force (ses apparitions sont toujours extraordinaires, prenant à chaque fois plus de sens au fur et à mesure que le film évolue). Toute l’essence du film a été capturée par la musique, qui est l’un des seuls à centrer son œuvre sur le thème du méchant, ce qui contribue à donner encore plus de force évocatrice aux évènements à chaque scène, et même à chaque dialogue. Je propose donc d’ériger un temple =)

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le 30 nov. 2014

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