Twisted Sister, c’est le genre de groupe très (trop) souvent résumé à deux chansons, les plus populaires, évidemment, celles adoubées par une foule qui refuse de faire l’effort de creuser un peu plus dans les productions de la formation et se contente de s’égosiller sur leurs deux tubes pour se souvenir de la « trop bonne ambiance au festival »
Stay Hungry est l’album qui contient ces deux chansons à travers lesquelles on réduit le groupe, ce qui se vérifie à travers son immense succès commercial. I Wanna Rock et We’re not Gonna Take it sont devenus de vrais hymnes, et la deuxième est même souvent utilisée à des fins politiques. Triste de voir d’ailleurs Dee Snider, devenu un tocard moralisateur à lunettes de soleil, se livrer à une version niaise et larmoyante de son gagne-pain, chanté au milieu d’une plage avec un piano à queue.
Dès les premières notes, on reconnait ce son acéré et abrupt des guitares, déjà présent sur leur premier album. L'énergie brute et la puissance des riffs sont la marque de fabrique de la bande à Dee Snider, qui vient y ajouter son timbre vocal lui aussi très reconnaissable. Stay Hungry, le titre, représente la capacité du groupe à proposer des titres accrocheurs et au refrain entêtant. Le paroxysme de ce descriptif étant atteint avec le très célèbre We’re not Gonna Take It, morceau fédérateur à l’énergie contagieuse et au refrain pouvant être répété jusqu’à la fin des temps.
Burn in Hell est le morceau le plus intéressant de l’album, voire une des meilleurs de la discographie de Twisted Sister. Un tempo modéré, une ambiance plus sombre, le tout servi avec, encore une fois, un refrain terriblement accrocheur, mais de bien meilleure qualité, cette fois. Forcément, quand le thème de la chanson c’est d’envoyer quelqu’un brûler en enfer, c’est bien plus intense et pertinent qu’un énième hymne à la rebellion ou je ne sais quoi. Le monumental Under the Blade garde la médaille d’or, mais Burn in Hell se positionne sur le podium des meilleures chansons du groupe !
La ballade The Price est niaise et a mal vieilli, les motifs de la guitare soliste font vraiment datés, et rien ne ressort de cette mélodie. Une ballade parmi tant d’autres.
I Wanna Rock est taillée pour filer la pêche, c’est la sœur un peu plus fofolle de We’re not Gonna Take It, en somme.
Le reste est plutôt homogène, on retrouve le côté acéré et abrupt évoqué plus haut, au service de riffs bien heavy metal, bien classique, bien efficaces. Au risque de me répéter, les refrains sont tous mémorables et entêtants, le côté chœur les rendant encore plus accrocheurs (S.M.F.).
Dans l'ensemble, Stay Hungry est un album homogène dans la qualité, bien emblématique du heavy/glam des années 80, avec son lot de grotesque et de clichés servant des compositions redoutables pour la postérité. L’énergie de cet album est contagieuse, on passe un bon moment avec la bande à Dee, bon moment sublimé par l’énorme Burn in Hell.
Comme un bon jambon beurre, c’est classique, connu, ça remplit l’estomac, ça se mange vite et ça nous satisfait.