La fraise sur la pochette, c'est ma mauvaise foi ratatinée.

J'aurai pris très longtemps entre ma note sur Feels et celle sur Strawberry Jam (7 mois à peine). Je ne sais pas pourquoi exactement, peut-être la lassitude, peut-être le manque d'envie... ou bien peut-être encore que ma mauvaise foi n'était alors pas prête à admettre que j'avais aimé DEUX albums d'Animal Collective à la suite. En toute honnêteté, c'est probable que la dernière possibilité soit la bonne.

Je me suis donc laissé du temps pour pouvoir trouver plein de défauts à cet album à la pochette horrible que je voulais écharper à tout prix, mais pas moyen de trouver un argument cohérent pour le mettre à terre. Strawberry Jam se présente donc probablement comme l'album le plus mature d'AnCo jusqu'ici ; Feels était une belle échappée mélodique et apaisée (toutes proportions gardées), et Strawberry Jam garde le côté mélodique de son grand frère pour l'appliquer à sa sauce électrofoutraque. ENFIN ! Enfin un disque de ces compères où l'expérimentation complimente la composition et inversement, il était temps.

N'allez pas me faire dire ce que je n'ai pas dit, le disque est bon mais tout de même inégal, oscillant entre le fifou palpitant et l'ennui modéré, mais au moins il n'y a plus de morceaux foncièrement désagréables. Le sommet du disque est "For Reverend Green", explosé, vivant et (pour une fois) vocalement satisfaisant avec des cris qui viennent des tripes. J'ai eu envie de danser un peu partout dans mon salon. D'ailleurs c'est ce que j'ai fait. Le révérend vert est suivi de près par "Peacebone" et "Fireworks" qui s'en sortent très bien, intelligentes et accrocheuses. Le dernier vrai bon morceau du lot est "Winter Wonder Land" (dat refrain).

Pour le reste je suis plus mitigé ; "Unsolved Mysteries" s'écoule sans nuances, trop plat pour m'emporter ; "Chores" est un délire très superficiel, avec une ritournelle crétine sans grand attrait (je serais tenté de la désigner comme "la chanson à boire d'Animal Collective") ; "#1" retombe dans le triste travers de mélanger expérimentation et pop comme si c'était deux entités séparées, on a ainsi des pistes de synthé déphasées à la Steve Reich avec un son très Terry Riley et une mélodie qui semble juste posée là sans autre forme de procès, le mariage ne prend pas vraiment et on s'ennuie doucement ; "Cuckoo" fait partie de la catégorie "je joue de la harpe dans un paysage bucolique sans grâce aucune", avec ajout de bruits dessus pour faire bonne figure ; et enfin "Derek" n'est pas désagréable mais complètement inoffensive dans le genre Brian Wilson wannabe.

Bon, ça s'améliore grandement, celui là restera sûrement à 7 lorsque je rééquilibrerai mon barème pour le groupe (alors que Feels c'est pas certain). Une bonne chose de faite ! On passe maintenant au plus "polarisant" des disques de AnCo : Merriweather Pavillon. Merveille pop novatrice ou supercherie lénifiante ? À bientôt pour de prochaines aventures...