Peut-être, sûrement, la plus belle pochette de la carrière de Bob, même s'il y a photo finish avec The Freewheelin'. Un album qui a été fort justement réévalué avec les années, à l'image de l'ensemble des années 70. À cette période de sa vie, Bob Dylan n'était déjà plus au sommet du monde, mais comment aurait-il pu en être autrement ?
Elvis Presley a été un génie pendant 4 ans. Ensuite, il y a eu le départ vers l'Allemagne. À son retour de l'armée, le monde avait déjà changé. Il avait perdu son trône et, durant le reste de sa carrière, il n'a plus été que l'ombre de lui-même. Ces 4 ans, durant lesquels il a dominé le rock, ont pourtant suffi à en faire une légende, car un artiste est toujours jugé sur ce qu'il a fait de mieux.
Bob Dylan était connecté aux mêmes dieux durant la période 1962-1966, 4 ans lui aussi, comme par hasard. Quand, pour une émission télé, il écoute la chanson It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding), Bob Dylan dit qu'il ne sait pas comment il a pu écrire ce genre de paroles. Il ajoute qu'à l'époque, ça lui tombait dessus comme ça et qu'aujourd'hui, c'est terminé. Il ne peut plus écrire des chansons aussi puissantes, car il n'est plus en connexion avec celui qui l'avait choisi à l'époque (c'est sa façon d'expliquer ce qui s'est passé).
Au moment de Street-Legal, Bob Dylan était donc redevenu un homme comme les autres. Un excellent auteur-compositeur, mais qui, déjà, ne pouvait plus être admiré que par ceux qui l'avaient découvert à travers ces grands chefs-d'œuvre. Si l'on juge Street-Legal avec ce regard-là, on ne lui demande pas plus que ce qu'il peut offrir et on en apprécie toutes les qualités