All right, Lynyrd Skynyrd continue ses incessantes tournées mais l'apport du nouveau guitariste Steve Gaines fait un bien fou au groupe, à tel point que Ronnie prédit qu'ils se retrouveront dans l'ombre de celui-ci.


Enfin, One More from the Road est un immense succès, les tournées aussi, ils font un concert avec les Stones, un autre pour soutenir Jimmy Carter, ils ne vont pas se plaindre, et c'est ce rythme et le succès allant avec qui les pousseront à privilégier l'avion comme moyen de transport, malheureusement.
Entre tout ça, ils retournent en studio pour enregistrer Street Survivors, en deux temps, d'abord en Avril 1977 puis en Juillet.


Street People


L'influence de Steve Gaines est forte et donne un nouveau boost à un groupe fatigué, il écrit seul deux chansons, en co-écrit deux autres tout en partageant le chant sur You Got That Right ainsi que de le prendre totalement sur Ain't No Good Life. Le nom de l'album vient de Ronnie qui considérait que lui et ses gars étaient des street people, des gars venant de la rue et ayant encore de vraies valeurs. Comme sur les albums précédents, Van Zant évoque ce qu'il connait à travers des paroles qui collent parfaitement à la musique, il y parle de liberté, de whisky ou encore du sud.


Vu les évènements qui suivront, il est difficile de ne pas ressentir une certaine tristesse lorsqu'on écoute cet album. Il est néanmoins dans la continuité des précédents, bien que marquant par sa courte durée (35 minutes seulement pour 8 chansons), et on retrouve l'atmosphère atypique si propre à Lynyrd Skynyrd, sentant bon le bayou, la liberté, les bars américains et le whisky. Il y a, encore, cette sensation de dépoussiérer une idée de la culture populaire américaine, d'un regroupement de ces racines qui convergeraient vers un style qui parvient à garder son authenticité.


Angel of darkness is upon you


Excepté Steve Gaines, le groupe n'a pas changé depuis Gimme Back my Bullets et ils sont en forme. Van Zant chante merveilleusement, les guitaristes sont inspirés, en plus de Gaines, Collins n'a rien perdu de sa technique, et au risque de me répéter, Billy Powell est à nouveau inspiré aux claviers, Leon Wilkeson frappe sa basse comme personne et Artimus Pyle donne parfaitement le ton. Par contre, le son sonne un peu plus moderne, on ressent la touche de Tom Dowd par rapport à Al Kooper, encore plus ici que sur l'album précédent.


Tomorrow might not be here for you


What’s Your Name et That Smell ouvrent génialement l'album, la première bénéficie d'une section cuivre qui s'allie parfaitement aux guitares, quand la seconde fait la part belle à ces dernières et dont les paroles sont assez glauques, évoquant la mort, la drogue et les lendemains qui n'existent peut être pas, et elles sont toutes deux les étendards de l'album. La ballade One More Time (enregistré en 1971, avec donc, notamment, Ed King) calme magnifiquement le jeu, avec une jolie guitare slide et un refrain entêtant aux accents gospels quand I Know a Little, composition de Steve Gaines, renoue avec un pur rock'n roll, concluant sur un rythme endiablé la première face.


I like to drink and to dance all night


L'efficace introduction de You got that Right ouvre parfaitement la seconde face, et permet à Van Zant et Gaines de se livrer une bataille vocale pendant que Billy Powell fait parler sa technique au piano. Le groupe joue génialement, l'alchimie est parfaite entre eux, surtout qu'aucun membre n'hésite à faire entendre sa virtuosité. Le modèle à trois guitares fonctionne parfaitement, permettant au groupe de proposer des solos variés, ainsi que mémorables, à l'image, d'ailleurs, de ceux sur You got that Right.


As some lost part of me


La jolie I Never Dreamed s'inscrit dans la lignée des belles chansons du groupe qui ne manquent pas de caractères. On retiendra notamment les riffs de guitare acoustique ainsi que son authenticité. Honky Tonk Night Time Man renoue avec les racines profondes du groupe, et cette reprise de Merle Haggard permet d'apprécier le doigter de Billy Powell, une jolie guitare slide ainsi qu'une sonorité bien sudiste. Ain't No Good Life, composé et chanté par Gaines conclut l'album avec un son plus prononcé et sudiste, tout en restant dans un ton bluesy.


C'est donc avec authenticité et caractère que Lynyrd Skynyrd met en musique ce cinquième et dernier album studio. Street Survivor est dans la lignée des précédents, on a l'impression d'être dans un bayou du Mississippi, avec la richesse de la culture populaire américaine, le groupe étant en forme, porté par le nouveau Steve Gaines et des anciens qui sont toujours top, formant ainsi une parfaite cohérence pour un album qui prend vite une teinte mélancolique et triste.


Won't you fly free bird ?


Entre la fin de l'enregistrement et la sortie de l'album débutera une nouvelle tournée pour le groupe, Tour of the Survivors.
Malheureusement, le 20 Octobre 1977, entre Greenville et Bâton-Rouge, l'avion transportant le groupe s'écrasa dans un marais du Mississippi, ce qui emporta au ciel Ronnie Van Zant, Cassie et Steve Gaines ainsi que Dean Kilpatrick (l'assistant du road manager) et les deux pilotes. Les autres membres du groupe furent blessés (à divers degrés) et le groupe s'arrêta, jusqu'à un retour.
D'abord sous forme d'hommage puis en permanant, avec Johnny, le frère de Ronnie, une grande partie des membres du groupes (seul Allen Collins n'est jamais vraiment revenu, se blessant trop gravement pour décédant lui aussi trop jeune en 1990) pour commencer puis peu à peu il ne restera plus que Gary Rossington.
On remarquera d'ailleurs, qu'après cet incident, l'album fut rééditer sous une autre pochette, moins funeste que celle originale.


Dans tous les cas, plus rien ne sera comme avant, le nouveau Lynyrd Skynyrd n'apportant pas vraiment beaucoup de choses, si ce n'est d'inscrire le groupe plus dans une veine hard rock et n'arrivant jamais à proposer d'autres choses que les titres de la première monture.


Face A


What's Your Name
That Smell
One More Time
I Know A Little


Face B


You Got That Right
I Never Dreamed
Honky Tonk Night Time Man
Ain't No Good Life

Docteur_Jivago
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes It's only rock'n roll... (but I like it !), 2020 en Musique et Lynyrd Skynyrd

Créée

le 11 déc. 2020

Critique lue 327 fois

10 j'aime

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 327 fois

10

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

164 j'aime

47

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34