Depuis les importants Televise (2003) et Collisions (2006), les oeuvres de Calla sont de celles que l'on aime pour avoir choisi l'obscurité ! À contre-courant alternatif, l'électrique trio texan poursuit ainsi avec Strength In Numbers sa quête de la perfection pop en terres new-yorkaises comme si sa vie même en dépendait. À entendre le résultat, on se dit que ce doit probablement être le cas (Sanctify, Simone, Rise). Et si chacun sait depuis leur impeccable selectorama (cf. magic n°97) toutes les merveilles auxquelles Aurelio Valle, Wayne Magruder et Peter Gannon en réfèrent, Strength In Numbers s'impose très vite comme une nouvelle preuve du plus bel esprit de synthèse entendu depuis les Psychedelic Furs et Echo And The Bunnymen... Il y a un bail, donc. Rythmique martelée façon Velvet Underground sur lit de guitares en dépressions atmosphériques, la force du génie se tient ici et comme souvent à distance respectable de l'air du temps et rien que pour ça, on applaudit des deux mains. Calla n'est pas un groupe de plus, il affirme à chaque album davantage sa différence. Peuplée de fantôme (Stand Paralyzed) ou simplement belle à pleurer (le bien nommé A Sure Shot, Dancers In The Dust), sa musique amène rapidement à revoir à la baisse bon nombre de ses contemporains : mais comment diable Valle parvient-il à nous faire chavirer avec des accords mineurs arpégés aussi souvent entendus ? C'est bien là tout l'art de Calla d'insuffler une énergie nouvelle à un genre (new/cold-wave) que l'on croyait mort et enterré avec l'essentiel Ian Curtis... Strength In Numbers ? Faille spacio-temporelle du mois. (Magic)