Collisions, le quatrième nous aura permis de faire le deuil de Televise, le troisième. Calla est aujourd'hui un groupe bâti pour gagner et tant pis, s'il a perdu ses principes bancals et donc originaux. Strength in numbers a la force d'un cinquième album, celle d'un groupe solide qui a intégré dans son rock ténébreux les claviers un peu indus de NIN ou Depeche Mode (Sanctify, qui semble être un oublié de Collisions), les guitares tremolos de Cure et surtout des tendances arty où les volutes sont reines (Blonde Redhead en version plus light). Du bon travail en somme pour un groupe suffisamment complexe pour séduire la critique et les exigeants et suffisamment formaté pour s'ouvrir à un plus grand public (Bronson degomme les ados rockeurs aussi surement que le grand Charles les petits malfrats). On leur donne raison...malgré tout. D'autant plus car Calla se permet encore quelques digressions inutiles car ne menant à rien... si ce n'est à faire joli (Sleep in Splendor). Ouf ! Calla n'en est pas à faire dans le 3' chrono. Le groupe cultive même quelques incongruités qui hérisseraient le poil de n'importe quelques DA. Comme mettre une guitare aux cocottes zouk perdue au milieu de son morceau le plus porteur (Bronson justement). Le groupe pêche parfois par trop de larmoyant ou trop d'affecté, surtout dans la voix tendance pleurnicharde de Valle. L'effet voulu émotionnellement parlant devient un peu systématique. Mais Calla transporte toujours en son sein, quelques éléments plus poissards qui les refont tomber dans le terrestre du blues (Sylvia 's song, Stand Paralysed et encore plus le rocailleux Le gusta el fuego). Cela ne se fait pas en profondeur mais juste avec quelques guitares bur(i)nées. Celles-ci prennent le pouvoir sur le plus immédiat Simone (PJ Harvey-esque). Comme sur Collisions, le meilleur est peut-être pour la fin. Après Overshadowed en totale roue libre, Dancers in the dust, moins fou, joue sur l'impact d'une lente progression. Le genre de procédé de plus en plus classique mais qui fonctionne toujours. Comme Calla en fait.