Cet album est un véritable paradoxe : alors qu'il n'aurait jamais dû voir le jour, il en est pas moins un des plus représentatifs de l'univers de Frank Zappa. Que s'est-il passé ?
Revenons d'abord aux origines : En 1977, le label "Discreet Records" de Zappa était distribué par Warner Brothers. FZ voulait se séparer de WB, mais avait encore une dette contractuelle de 3 albums envers eux. Il décide alors de leur proposer un coffret intitulé "Läther" comprenant ces 3 disques. WB estimant que ce coffret serait invendable, ont décidé de diviser l'ensemble en 4 disques séparés, y ajoutant quelques pistes, sans la permission de Zappa. Sortiront ainsi les 4 albums : "Studio Tan", "Sleep Dirt", "Zappa in New York" et "Orchestral Favorites". Le coffret "Läther", tel que FZ l'avait voulu, ne sortira finalement qu'en 1996, 3 ans après sa mort.
Cet album fut assemblé avec les morceaux qui ne rentraient pas dans les 3 autres ... un album fourre-tout éclectique, finalement bien dans l'esprit de notre compositeur, tous les aspects de son univers se télescopant.
Alors que dans le coffret "Läther" le morceau "The Adventures of Greggary Peccary" figure à la fin, sur cet album, il est au début. Cela change complètement l'esprit de l'ensemble. En effet, dans le coffret, il est un épilogue, alors que sur l'album, il est la pièce principale. Tout le génie de FZ étant de nous faire vivre musicalement un dessin animé. Les images et le texte sont si fortes que l'on finit par imaginer ce dessin animé virtuel. Le texte, délirant, raconte l'histoire d'un porc aux capacités particulières travaillant pour une société de promotion des modes et tendances. Il invente le calendrier, provoquant un chaos car cela permet aux gens de découvrir leur âge. Il se fait attaquer par un groupe de gens révoltés d'avoir pris conscience de leur vieillissement et parvient de justesse à s'échapper dans la grotte d'une montagne nommée "Billy The Mountain". Cette montagne crachant des nuages bruns, il est à la recherche d'un philosophe pouvant expliquer ce phénomène. On lui en présente un qui s'avère être un charlatan, concluant que si vous demandez à un philosophe de vous donner des explications, il vous demandera de payer. Cette histoire est narrée par Frank Zappa agrémentée de dialogues et d'interventions cartoonesques, ainsi que d'une orchestration riche, par moments varésienne (en référence à Edgard Varèse), à d'autres jazzy, en passant par toutes sortes de musiques parodiques. En tout cas son humour s'avère être aussi complexe que sa musique.
La face B regroupe trois morceaux très différents l'un de l'autre : d'abord "Let Me Take You to the Beach", une satire surf, où la dérision prédomine, avec des choeurs idiots, sorte de pop sucrée à l'extrême pouvant faire office de tube. Le morceau suivant "Revised Music for Guitar & Low-Budget Orchestra", morceau raffiné où la guitare tisse une délicate mélodie autour d'un orchestre tout en subtilités. Le tout se terminant avec "RDNZL", morceau jazzy, mais ouvert, où Ruth Underwood s'éclate avec son vibraphone.