Deuxième ère : Tapi dans l'ombre pendant des millénaires

Nous sommes en 2005. Deux ans auparavant, Stupeflip avait fait du bruit, mais on en avait plus jamais parlé. « C’est un coup de maison de disques » disaient les mauvaises langues, persuadées que la source est tarie, on crut que le Crou fut tut. Mais le il revient fort, encore plus taré.

BANDE DE PUNAISES !!!

Si Stupeflip est de retour, il compte bien se montrer un peu plus agréable qu’avant, et se présente un peu plus accessible. Mais là n’est pas une raison pour devenir des Bisounours !

ALORS QUOI QUOI QUOI ? TU VEUX TESTER STUPEFLIP ?!

Une telle entrée en matière avec Krou Kontre Attakk pour bien nous prouver que le Stup est libre, il fait ce qu’il veut, fuck aux maisons de disques, qu’il veut bien rester cracra, mais plus mélodieux, plus énergique, plus accessible, quoi ! L’album n’est plus le casse-tête sans queue ni tête que l’on a connu, c’en est devenu un véritable concept-album, tourné autour la Stup Religion. Les interludes ne sont pas aussi inutiles qu’avant, elles apportent un véritable soutien à toute l’histoire du Crou, les étranges mystères au chocolat, l'attaque des Argéniomes.. Les chansons sont liées entre elles (à l’inverse du premier album, il y a au moins le mérite de faire un fade out), et à partir de L’enfant Fou, plus rien ne nous lâche, on nous emporte jusqu’au bout, jusqu’à l’invasion des Argéniomes...

Ici, les passages de Pop-Hip arrivent à s’intégrer de manière fluide, sa façon de s’incruster à la fin de la Stup Danse (qui avait pour but d’être populaire et pensant, grand paradoxe) pour nous présenter une nouvelle chanson moralisatrice Les Cages en Métal, nous prévenant des dangers de la conduite, ne pas rouler à fond sur l’autoroute, vous êtes bien inconscient ! C’est toujours aussi naze et vide de sens, mais c’est dansant (. Pareil, pour Pop Hip’s revenge, vantant la génération 1980, sans dire pourquoi celle d’aujourd’hui est moins bien. Pop Hip est toujours aussi naze, mais cette fois il est plus dépressif.

Dépressif, c’est le mot pour qualifier le texte de Stup Religion. En dehors de développer l’histoire du Crou (qui durant l’écoute passe un mauvais quart d’heure), les thèmes énoncés sont plus sombres : le harcèlement à l’école, la mort des animaux de compagnie, les mensonges qu’on a pu nous raconter étant enfant, la pression du boulot… Tout est énoncé de manière très crue, ce qui peut donner un côté trash mais drôle : par exemple Casimir (dans West Region’s Inquisitor) est bien marrant, mais en y réfléchissant, ce n’est plus du tout drôle…

L'ère du stup, pas si humouristique

Et c’est là le plus intéressant dans Stup Religion. C’est qu’en apparence beaucoup de chansons ont l’air rigolote, mais si l’on prend bien la peine de réfléchir de la signification des paroles, on se rend compte que ce sontdes drames quotidiens : Le cartable, c’est marrant, mais ça parle d’un amour impossible ; Casimir, c’est marrant, mais ça parle d’un enfant qui découvre que son idole n’est qu’illusion ; 35 animaux morts, c’est marrant, mais ça parle d’un tas d’animaux charcutés, crevant les pattes en l’air… Même Pop-Hip est moins fun avec Les cages en Métal, on parle d’accidents, de morts ; et avec Argent, c’est marrant, mais c’est la vie difficile de King Ju, à sa place vous rigolerez moins.

Beaucoup plus construit que le premier album, Stup Religion se montre en apparence bien plus varié et expose différents thèmes, tout en étant lié à quelque chose qui se construit : la 2ème ère du stup. Par cet aspect, il se montre beaucoup plus agréable aux nouveaux venus. Mais Stup Religion fait mieux : c’est une véritable critique de la société sous ses multiples aspects, liés principalement à un vice : l’argent. Cet argent va mener à la perte de Stupeflip, étant donné que suite à de mauvaises ventes, BMG va supprimer leur contrat. Une traversée du désert qui ne sera pas sans conséquence… Un long silence s'abbatra sur le Crou endormi, pouvant contempler toute son oeuvre passée...

Walecrou, walecrou, walecrou, walecrou…