L'album qui m'a introduit à l'univers de Jun Togawa, une sacrée surprise sur le coup, comme on peut s'y attendre (parce que si on m'avait annoncé un album de synthpop/pop rock - bref, de pop légère par une ex-idol, la réputation de l'album me semblait être plutôt celle d'un truc plus sombre, un peu expérimental.)
Mon incertitude a été encore accentuée quand j'ai un peu jeté un œil à la pochette, dont on ne sait pas vraiment si elle est plus rose, délicate, que rouge, agressive ; et dessus, cette fille qui nous observe, sans qu'on sache vraiment si son regard est celui d'une femme séductrice ou d'une fillette effrayée.
Et toute la force de cet album, qui l'empêche de basculer dans la pop niaise et oubliable, repose justement dans ce jeu antithétique, entre le mignon et le malsain, le glauque et la gaieté tranquille ; et dans ce jeu, les détails font tout, que ce soit le chant de Togawa, qui en fait toujours un peu trop, sans pour autant tomber franchement dans la parodie (l'exemple le plus parlant étant sûrement Sukizuki daisuki), les altérations bizarres introduisant Zukei no koi, le petit solo de guitare distordue qui vient accompagner le refrain plaintif et doux de Ōrora B, ou encore cette reprise assez géniale de Françoise Hardy, dans laquelle les adieux tragiques sont remplacé par des sayonara menaçants et lourds.
Après, même si du coup l'album se sort du lot, il n'arrive pas à s'extraire complètement des faiblesses inhérentes à la J-pop traditionnelle, ce qui à mon sens l'empêche de s'élever pour de bon - comprendre je le trouve un peu trop gentillet et quelconque malgré tout. Ma préférence se porte plutôt sur Tamahimesama, l'album précédent de Togawa, qui dans mes souvenirs était plus versatile et dense que celui-ci.
Il n'empêche que c'est vraiment un bon petit album, qui parvient à révéler une richesse et une excentricité très rafraîchissante.