psyché
C'est plutôt un bon album mais on sent les effluves de 68, 69 (l'année hein !!!). On ressent la musique psyché à plein nez. Dans l'ensemble un bon album, la musique est maîtrisé mais pas de chanson...
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le 7 mars 2018
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Quand on parle de Supertramp, on songe évidemment à Breakfast in America, The Logical Song, Give a Little Bit, It’s Raining Again, Goodbye Stranger, et Dreamer, six chansons que tout le monde a déjà entendues une fois dans sa vie et qui font office de “signature-tunes”, d’un son pop, un peu mielleux, largement dépendant du célèbre clavier Wurlitzer, de la voix de Roger Hodgson et des falsetti super aigus de Rick Davies. Mais avant d’en arriver là, le groupe a subi une évolution assez remarquable (on est encore loin de celles qu’ont vécu Pink Floyd ou Jethro Tull), partant d’un son clairement ancré dans le rock progressif. Et quel meilleur témoin que leur tout premier album, sorti en 1970?
Avant de s’enfoncer dans la critique, un peu d’histoire. En 1969, Rick Davies, batteur du groupe rock The Joint, rencontre Stanley Miesegaes, un milliardaire néerlandais établi à Versoix, près de Genève, qui lui propose de financer un nouveau groupe. Par la même occasion, ce dernier convainc Davies de devenir pianiste. Pour lancer le projet, Davies enverra une annonce au célèbre journal Melody Maker pour recruter des membres. C’est pendant cette séance d’audition qu’il rencontrera Roger Hodgson (multi-instrumentiste, surtout guitariste) avec qui il se liera une solide et immédiate amitié. Richard Palmer (guitariste qui en quelque sorte obligera Hodgson a jouer de la basse) et Robert Millar (batterie et harmonica) seront également admis au sein du groupe peu après. Le groupe s'appellera pendant quelques mois Daddy avant que Palmer, voulant un titre certainement plus “classe”, ne le change en Supertramp, en janvier 1970. Notre super vagabond est donc officiellement lancé, avec quelques concerts dans un club à Munich (c’est là que Sam avait rencontré Davies et The Joint) et l’obtention d’un contrat chez la filiale anglaise de A&M Records, même si l’ambiance au sein du groupe était assez merdique. (J’ai vu la vidéo dans laquelle ils jouent une interprétation de dix minutes de All Along The Watchtower, et c’était excellent) Et finalement, après cinq mois d’enregistrement et de disputes, Supertramp sort son studio debut, intitulé… bah Supertramp.
On commence le disque avec Surely, petite balade à l’amourette sympatoche d’une trentaine de secondes qui ouvre l’album en douceur, même si franchement je ne me la passerais pas en boucle. L’implication musicale est quasiment absente du morceau tellement elle est basée sur le chant de Hodgson (qui n’a pas encore une voix trop gnangnan). Puis arrive It’s A Long Road, excellente chanson blues rock avec une mélodie et percussion absolument représentatives de la “road music” de la fin des années 60. J’avais du mal à réaliser que j'écoutais du Supertramp avec ce morceau tellement ils ont (avaient) tendance à se concentrer sur les claviers, mais c'était un véritable régal. Aubade And I’m Not Like The Other Birds of Prey (deux morceaux ensemble) s’enchaîne sans difficulté et représente un très bon exemple de musique planante: avec la prédominance de l’orgue et la douce voix de Hodgson, j’ai vraiment la sensation de voler dans le ciel quand je l’entends. Words Unspoken, la piste suivante, ne fait pas partie des morceaux les plus musicalement inspirés de l’album, certes, mais reste quand même très agréable à écouter. C’est cependant sur une flûte que s’ouvre l’un de mes morceaux préférés de Supertramp, Maybe I’m A Beggar. Une mélodie douce et apaisante s’installe et laisse place à la magnifique voix de Palmer. Après deux couplets de call-and-response prononcés par Palmer et Hodgson, l’orgue et la batterie interviennent, le chant commence à monter en puissance, pour finalement laisser place à un solo absolument spectaculaire de guitare, bien que typique de cette époque. Quand ce dernier s'éteint subitement, la voix de Palmer revient, faisant le même call-and-response avec Hodgson avant de finalement terminer sur le thème principal, parsemé de “la-la-la-la-la”, qui lui même s'éteint progressivement pour introduire le sixième morceau Home Again. Cette piste est une simple chanson acoustique qui aurait très bien pu être omise, donc je n’ai pas de problème à dire qu’il s’agit sans aucun doute la plus nulle de l’album. Bon, voila, je viens de terminer la première face, et puisque tout va bien jusqu'à présent, j’entame la deuxième, qui commence avec Nothing To Show. Malgré la simplicité du morceau, il me plaît énormément pour son agressivité, ce qui sera très rare avec Supertramp, et un son rock très efficace. La prochaine piste, Shadow Song, annonce un petit retour au calme; petite ballade au piano relaxante avec une belle petite flûte, la chanson est plutôt bien placée, car celle qui suit est pour le moins assez intense. J’ai été immédiatement saisi quand j’ai entendu pour la première fois l’ambiance lugubre qui s’est installée avec la flûte et l’orgue sur Try Again, morceau long de 12 minutes (déjà un aspect qui me plait). Mes goûts musicaux seront ensuite pleinement satisfaits avec la première partie de guitare électrique, qui est tout simplement g-é-n-i-a-l-e! Après un couplet en plus, la batterie s'arrête net, et nous n’entendons plus que quelques cris de guitare qui petit à petit s'intensifient pour se transformer en un solo complètement exceptionnel, évidemment joint par la basse, l’orgue et la batterie. Pour pouvoir vous décrire la qualité impeccable de cette section agitée, plus jamais le groupe ne fera de soli aussi beaux et denses dans leur carrière (oui, Goodbye Stranger, il peut aller se coucher!) Malheureusement, il ne peut continuer éternellement, et après un dernier salut reprenant le tout premier passage de guitare électrique et un couplet, laisse place à un passage “à vide”, où l'on entend quelques accords et bruits saccadés, avant de reprendre progressivement, et déboucher sur un jeu de batterie agressif, qui termine le morceau en beauté. Pour moi, sans équivoque, Try Again est de loin l’un des meilleurs morceaux de Supertramp, peut-être avec Maybe I’m A Beggar, des années lumières en avance de Fool’s Overture, que je considérais comme mon favori avant l'écoute de ce disque. Putain, ce que cette chanson donne la pêche! Je ne m’attendais vraiment pas à ce que le groupe puisse produire un morceau aussi rock, moi qui suis réticent déjà à les étiqueter en tant que “rock progressif”. Comme je ne vais pas non plus parler pendant trois ans de ce morceau, on revient donc et on termine la deuxième face avec une excellente reprise du premier morceau, Surely, en ajoutant un couplet en plus et une très belle partie de claviers: que de mieux pour conclure ce magnifique album qu’est Supertramp.
1. Surely (8,5/10)
2. It’s a Long Road (9,5/10)
3. Aubade and I Am Not Like Other Birds Of Prey (10/10)
4. Words Unspoken (9/10)
5. Maybe I’m A Beggar (10/10)
6. Home Again (6/10)
7. Nothing to Show (10/10)
8. Shadow Song (8,5/10)
9. Try Again (10/10)
10. Surely (reprise) (9,5/10)
(Le gras indique ma chanson préférée du disque)
Dans son ensemble, c’est un très beau 9,5/10 que j’attribue à ce merveilleux album. J’ai aimé plus ou moins toutes les chansons, on a une ambiance qui personnellement me rappelle les premiers disques de Procol Harum et de King Crimson, duquel le groupe se séparera malheureusement pour leur deuxième album, beaucoup moins bon à mon sens, et les suivants, et, même si les paroles ne sont pas aussi exceptionnelles que sur Crime of the Century, les textes sont simples quoique légèrement poétiques. Bon, il est vrai, la pochette est cheap, mais je ne vois pas ce qu’elle a de si mauvais. C’est plutôt un beau petit dessin. J’espère sincèrement qu’ils continueront dans cette direction- Ah merde, qu’est-ce que je raconte comme connerie? Je connais déjà la réponse…
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Créée
le 30 août 2024
Critique lue 21 fois
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