J'ai envie de rentrer dans le vif du sujet car on est réellement en face d'un des meilleurs albums dits "Grunge". Un exemple typique qui prouve que l'on peut allier accessibilité et savoir-faire.
Et pourtant, triste à dire mais il semble tout de même que la majorité des gens ici le considèrent autrement qu'un disque sympathique.
Dans ce cas, autant apporter ma "lueur".
A l'écoute de ce disque, on pourrait tout d'abord y voir un certain lissage comparé aux précédents efforts du quartet. Ce qui est en partie vrai car cela permet de mieux refléter l'esprit pesant, mais néanmoins détaché, de l'œuvre. Car il y a une certaine sensation qui se dégage sur cet album. Ce n'est pas le même type de lourdeur que l'on pouvait rencontrer dans Badmotorfinger, ce dernier privilégiant plutôt cette lourdeur dans la technicité, les riffs.
Dans Superunknown, la sobriété des compositions aide à instaurer un climat dépressif tout du long, en appuyant à petites touches, mais avec justesse.
En termes d'exutoire, on est pas loin de ce que pouvait faire Nirvana sur In Utero, la variété en plus. Que ce soit d'une violence à la limite du sarcasme (My Wave), d'une névrose romancée, cryptique et presque complaisante (Black Hole Sun), d'une haine toute en retenue pour ensuite déflagrer (Mailman) ou d'une noirceur apocalyptique (Limo Wreck).
La seule "lueur" étant Spoonman, ce qui pourrait sans doute faire un peu tâche sur cet album, en terme d'homogénéité bien sûr.
Mais qu'importe, Chris Cornell confirme son talent. Il brûle littéralement à petit feu dans ce bloc d'une noirceur condensée, laissant transparaître une personnalité souvent au bord de la crise de nerf.
Ce qui lui a d'ailleurs coûté très cher...
A l'orée des montagnes étreignant la triste et fatale lueur d'un esprit se sachant prisonnier, voir même condamné, l'horizon noir ne s'est jamais montré aussi pesant et séduisant. Rarement le Rock ne s'est montré à la fois aussi expressif que nuancé.