Relancé par « Rocking in Nashville » en 74 après des années plus difficiles, Eddy était dans la 2e moitié des seventies dans une période de vraie créativité, ses albums étaient tous réussis et les salles de concert remplies. Le succès était de retour ! Après « Rocking » et sa suite «Made in USA » en 75, Eddy reste à Nashville pour son album suivant, « Sur la route de Memphis » (1976) avec la même équipe de musiciens locaux autour du grand Charlie McCoy, à l’aise dans tous les styles musicaux, les fameux « Nashville Cats ». Sauf que sur les 2 précédents, le répertoire n’était constitué que d’adaptations de classiques du rock en français (très bonnes au demeurant). Cette fois-ci, il mélange les reprises efficaces à des morceaux originaux. Eddy retrouve donc son vieux complice Pierre Papadiamandis avec ce petit bijou méconnu qu’est « La fille du motel ». J’adore cette chanson qui pourtant n’a pas été interprétée longtemps sur scène. Mais pas uniquement Pierre Papadiamandis puisqu’il fait aussi appel à Christophe (« Je me fais mon western ») et Mort Shuman, parolier, entre autres, d’Elvis tout de même avec l’excellent « Je suis parti de rien (pour arriver à pas grand-chose) » (quel titre !!!), une merveille d’humour et de 2nd degré, Eddy au top de son écriture qui finit même ici par frôler le surréalisme. Jugez-en par vous-même :

"Car un soir sur le tard/Un kangourou est venu boire/Le patron avait l´air surpris/L´animal paya et sortit/On ne le revit plus car l´homme/Vendait trop cher son rhum/Un escroc" fantastique !

Les reprises sont donc majoritaires mais plus exclusives : "Sirop rock & roll" ("Sweet little Rock & roller" de Chuck Berry), "le Maître du monde" ("The Harder They Come" de Jimmy Cliff, "Hey ! Miss Ann" ("Miss Ann" de Little Richard), "Sur la route de Memphis" ("That’s How I Got to Memphis") "Le bon temps qui passe" ("Come Early Morning" de Bob McDill) et "La Marie-Jeanne" ("Ode to Billie Joe" de Bobby Gentry). Ces adaptations sont particulièrement réussies, attendues quand il s’agit de Chuck Berry, plus surprenante quand on parle de Jimmy Cliff alors qu’au départ « The harder they come » était une chanson reggae, pas précisément le genre de prédilection de Schmoll ! « La Marie-Jeanne » adaptée en français par Jean-Michel Rivat, fonctionne elle aussi parfaitement. Mais bien sûr, la perle de cet album, le morceau qui est entré dans le panthéon « schmollien », l’adaptation soignée de « Sur la route de Memphis » dans lequel se déroule un mini-film comme les aime Eddy, avec un début, un milieu et une fin, où on retrouve le personnage de loser magnifique et touchant qu’il a développé dans pas mal de chansons :

« Je viens vers toi/Mais pas dans une Rolls blanche/Dans un costume/Un peu élimé aux manches/J'ai le droit de me taire et fumer/En gardant mes menottes aux poignets/Sur la route de Memphis. » (« Sur la route de Memphis »)

Eddy s’affirme ici comme un crooner country rock, traçant sa voie unique dans la chanson française, sans trop se soucier des modes mais défendant un humour caustique qui fait du bien. La suite n’allait pas décevoir.

JOE-ROBERTS
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le 25 sept. 2024

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