Sur les falaises de marbre du line-up Glaciation est ce morceau de bravoure qui n’arrive peut-être qu’une fois dans une carrière, la suite s’avèrera en demi-teinte. Glaciation a activé le mode antologique, réunissant autour de la voix de tête, des musiciens issus de groupes français déjà légendaires en eux-mêmes. Tangible, l’influence du KPN se retrouve dans la dureté du chant – et ce même si, le chanteur, Hreidmarr, est issu d’Anorexia Nervosa. Sur les falaises de marbre est un bouquin, que je n’ai pas lu, d’Ernst Jünger, que j’ai lu.
« Ni la vie ni la mort, mais la nuit »
Ouverture des hostilités sur un vol de mouches, hommage à la pestilence, ou ancrage dans l’organicité la plus crue(lle) ? « Un soleil noir.. », le ton oxymorique et provocateur est donné, par une référence mystagogique WWII. Le scalde alterne entre chant saturé et chant clair, dont le phrasé rappelle qui de droit la noble chanson française. Il y a même un saxo fou. « L’air de la fin’amor et du charme sucré », avant un extrait nostalgique, une entrevue de Marguerite Duras sur l’information saturée de l’époque, le goût de la lecture en contrepoint, et la liberté en danger. C’est raccord avec les multiples interférences que nous entendions plus tôt. Puis les chœurs, j’y reviendrai toujours, car c’est un exercice périlleux, qu’on entend pas si souvent dans le genre, sous peine de chavirer dans le tartissime kitsch. Rien de tout ça, ici. Mais au contraire, une ambiance idéalement posée, de franche camaraderie.
Authentiques pièces de résistance, les deux morceaux suivants, s’inscrivent dans la lignée du précédent conservant une cohérence infaillible, les compositions qu’elles soient ambient, ou guitarisées, ou les deux, ont de toute manière de la superbe. Le chant tantôt clair, tantôt crié sonne très rock français. Il y a même du chant féminin, comme une incartade de naïades, enchanteur. « Le soleil et l’acier » du troisième morceau, lors des chœurs, est la seule expression audible au-dessus du brouillard sonore, fond et forme ainsi réunis.
Au final, la deuxième partie, rencontre légèrement moins mon adhésion, bien qu’elle soit parfaite dans son genre Kaputt, d’abord, dans une veine plus dure que les précédents, plus rien n’est audible, décharge brutale de violence, comme une mise à mort, mais à la composition hyper-travaillée. Advenant, Cinq, dotée d’un saxo distant, c’est une piste ambient, calme après tempête, dégageant une vibe nostalgique, un peu comme un feat avec Les Joyaux de la Princesse (j’exagère). Le dernier morceau, quant à lui, est une ballade nostalgique, rock et blues, avec seulement une vocalise en AAAH. Tout ceci est bien apaisant, assoupissant ?