Swim
7.3
Swim

Album de Caribou (2010)

Ce cinquième LP ne renie pas la Sainte-Trinité selon Caribou : électronique relativement basique, samples de batteries et rythmes à la guitare, immédiatement reconnaissables, empilés comme les couches d'un mille-feuilles. Le dogme est le dogme et ne change pas d'un iota par rapport aux précédents albums. La première raison de l'étonnement initialement provoqué par "Swim" est qu'il est, bien que plus "dansant", fondamentalement similaire à ses prédécesseurs : Snaith utilise les mêmes instruments et n'a pas réellement diversifié sa palette, ce qui apporte plus de questions que de réponses. Qu'a-t-il voulu réaliser avec ce cinquième disque ? Que cherche-t-il avec autant d'application depuis tant d'années ? Que croit-il pouvoir créer avec ses quelques outils ? Passées les premières écoutes, on se rend compte, à force de chercher une hypothétique révélation dans les recoins les plus obscurs du disque, qu'une partie des réponses à nos interrogations se trouvaient en réalité dans son titre le plus visible, le single "Odessa", autrement dit dès les premières secondes. Oui, Snaith, avec cette chanson antidatée années 80, semble vouloir faire son grand saut en condensant davantage encore ce qui sonnait déjà minimaliste, réduire le spectre jusqu'à ce qu'il ne demeure qu'une raie blanche hypnotique, fascinante, une clarté que l'on parvenait auparavant à apercevoir en éliminant soi-même ce qui pouvait gêner. Les scories balayées, Caribou se montre comme beaucoup rêvaient de l'entendre : limpide, net et toujours dérangé. La suite n'est pas forcément du même acabit, ni stylistiquement ni qualitativement, mais poursuit vigoureusement l'entreprise, surprenant en retranchant, anticipant ce que l'auditeur compte entendre avant de le désavouer, comme sur "Kaili" où le rythme monte d'effrayants degrés et s'arrête juste au moment de traverser les nuages. Il est dangereux de refaire Babel et Snaith prend plaisir à briser une ascension que l'on croyait pourtant inéluctable. On n'a alors d'autre choix que de revenir quelques minutes en arrière, de se concentrer, de nouveau, sur les premières mesures, et de s'intéresser au développement plutôt qu'à une conclusion qui, dans l'ensemble, n'en a jamais l'allure ni la fonction. Ce jeu constant a pourtant ses limites, ou plutôt, encore une fois, met toujours de nouvelles questions sur la table. Si les titres cités et la monstrueuse transe hippie "Bowls", sommet architectural de l'album, ne laissent planer aucun doute sur la formidable réserve de talent dont dispose encore Snaith, "Swim" demeure problématique. On sent que le jeune homme cherche un point fixe à partir duquel se développer, à conquérir quelque chose de solide et d'évident - on cherche avec lui, parfois on sent à l'unisson, vibrant intensément, d'autres fois on ne comprend plus et ce qui était si flagrant devient mystérieux, voire nébuleux. Mais l'homme est toujours devant, les machines à sa coupe, certains aimeront ces carences, d'autres n'y verront que des failles, que parties inégalement assemblées. La discographie de Snaith est une suite d'épisodes comportant en chacun un twist que l'on ne comprend réellement qu'au suivant. Qui sait ce que l'on en dira au prochain épisode ? Parions que Snaith lui-même est déjà en train de mener l'enquête. (popnews)


Au fil d’une discographie tout en ruptures et en changements de cap, l’ancien étudiant en mathématiques Dan Snaith s’efforce de contredire un des axiomes de base de son ancienne discipline de prédilection en démontrant que le chemin le plus direct pour relier un album à l’autre est souvent le plus tortueux. Surgi de l’espace décidément fort peu euclidien de son inspiration, le successeur du très pop Andorra (2007), ce grandiose hommage moderne à la profusion mélodique et psychédélique des années 60, apparaît, à la première écoute, comme un retour aux cadences plus rigides et aux climats plus dépouillés de l’electro pur jus. Nulle trace ici de références au format conventionnel de la chanson, encore moins d’un hit solaire et radieux à la Melody Day. Proclamant haut et fort sa passion pour la dance music, Snaith a choisi de prendre pour cette fois le parti des machines, sans pour autant renier son amour pour l’hybridation entre sonorités organiques et synthétiques. (magic)
Si on vous avait parlé de Dan Snaith le docteur en mathématiques, vous auriez imaginé un vieux garçon boutonneux aux pantalons trop courts pour qui l’entertainment est péché. Jamais vous n’auriez pu penser qu’il s’agissait de Caribou, ce producteur canadien capable aussi bien de pondre une electro pop classieuse, que de poser en pyjama pour le compte de photos promotionnelles appelées à se retrouver dans tous les magazines musicaux. Foutus aprioris… Révélé en 2007 grâce à l’album “Andorra” et tout ce qu’il comportait de tubes (”Melody Day”, “She’s The One”…), ce trentenaire s’offre une cinquième ligne à sa discographie avec un “Swim” plus électronique, profond et dansant que ses prédécesseurs, sur lequel il semble avoir définitivement trouvé sa voie. C’est d’ailleurs avec l’idée qu’il avait de produire deux disques différents - un empreint du travail en studio, et un autre taillé pour le live - que ce nouvel opus s’est imposé de lui-même en mélangeant finalement équitablement les deux approches. En résultent neuf titres ambitieux, colorés, et euphoriques, érigés à coups de machines mais aussi de beaucoup d’instruments (cuivres, percussions, guitares, synthés…), composés seul en studio mais susceptibles d’être interprétés sur scène par autant de musiciens que Snaith le désire: un atout non négligeable quand on s’invite au sein d’une scène électronique aussi figée en live qu’un praticable. Entre le tube “Odessa”, qui ouvre les hostilités à grands coups de mélodies et de rythmiques funkies, et le final “Jamelia” chanté par Luc Lalonde (Born Ruffians), Caribou asperge sa bonne humeur sans discontinuer, que ce soit dans le domaine purement électronique (”Sun”, “Kaili”, “Bowls”, l’excellent “Hannibal”), ou dans celui d’une electro pop aguicheuse qui lui offre aussi l’occasion de s’imposer en excellent chanteur (”Found Out”, “Leave House”). Mixé en partie par Jeremy Greenspan (Junior Boys) pour garantir un son adéquat, “Swim” plonge définitivement Dan Snaith dans le grand bassin des nuits qui se chantent. (mowno)
Depuis ses débuts avec Manitoba, on range Dan Snaith dans la catégorie des intellos de la musique, le genre à vous coller des logarithmes népériens sur une clé de sol. Ne me demandez pas ce que ça donnerait comme résultat, j'ai toujours été une quiche en mathématiques. Tout le contraire de Dan Snaith, docteur es mathématiques au point de construire sa musique comme des algorithmes plus ou moins complexes. Avec le temps, le Canadien s'est entaché d'un Caribou comme patronyme et sa musique a pris une tournure à la fois pop et psychédélique. Ce fut notamment le cas sur le remarqué "Andorra" il y à 3 ans, un virage important dans sa carrière puisque le succès (plus critique que commercial) fut au rendez-vous. On attendait donc avec impatience de savoir quelle réponse il allait trouver à cette nouvelle équation qui se posait à lui concernant la direction à donner au successeur d'"Andorra".Il faut croire que le Caribou est un as du contre-pied puisque à la surprise générale Dan Snaith a une fois de plus pris tout le monde à revers en changeant radicalement son fusil d'épaule. Dés l'introductif Odessa, "Swim" plonge l'auditeur dans un bain à remous fait d'un mélange dance/pop psyché porté par des basses aquatiques. Désireux, selon ses propre termes, « de ne pas être catalogué comme le type qui s’adonne à un pastiche ou à un hommage à la musique des sixties », le Canadien a choisi de donner à sa musique une tournure plus dance-music. La machine à bulles psychés continue de tourner à plein régime mais c'est désormais sur le dance-floor que les boucles électroniques de Dan Snaith ont rendez-vous. Difficile de mettre en avant un titre plus qu'un autre tant cet album est cohérent dans l'excellence. Qu'ils soient résolument orientés dance (Sun ; Hannibal) ou plus pop (Found Out ; Leave House), les 9 titres de "Swim" nous entrainent dans un ballet aquatique qui ne connait pas de répit tant la tentation d'appuyer sur « Replay » est forte lorsque s'éteignent les dernières notes de Jamelia. Déjà l'un des grands albums de 2010. (indiepoprock)
bisca
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le 22 mars 2022

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