Basia Bulat sort de l'ombre avec Tall Tall Shadow
Basia Bulat nous offre un troisième opus riche et apaisant.
Sorte de retour au départ Tall Tall Shadow est le troisième opus de la jeune artiste torontoise Basia Bulat. Premier à être sorti à l'international le 30 septembre dernier il marque par ses échos, ses réverbérations mais aussi ses voix chargées soutenues par les guitares. Nous avons pu l'écouter et vous donne ses impressions.
Auteur, compositeur et interprète canadienne, Basia Bulat grandit autour de la musique dans l'Ontario, sa mère étant professeur de piano et guitare, la prédestinant presque à devenir ce qu'elle est aujourd'hui. Elle débutera sur la scène musicale avec un EP indépendant au titre éponyme en 2005 avant de signer chez Rough Trade Records qui lui permettra de sortir son premier album, Oh My Darling en 2007. Ce dernier se verra nommé l’année suivante au Polaris Music Prize, prix récompensant chaque année le meilleur album canadien, et ce depuis 2006. Elle est alors en compétition pour le prix auprès de Feist, Arcade Fire ou encore Patrick Watson, grand vainqueur de cette édition avec son album Close to Paradise. S’en suivra une tournée internationale, la faisant voyager au Canada bien évidemment mais également à travers les États-Unis et l’Europe, puis en Australie où elle se hasard, lui permettant ainsi de se faire un nom. Elle aura même l’occasion de se produire à l’édition 2008 du Dawson City Music Festival dans le Yukon, endroit qu'elle cite comme source d'inspiration pour son écriture après s'y être retranchée plusieurs semaines durant.
Mais revenons-en plutôt à Tall Tall Shadow ! Coproduit par Tim Kingsbury d’Arcade Fire et Mark Lawson – qui a travaillé sur des disques d’Akron/Family, Colin Stetson ou encore Arcade Fire – cet opus apparaît comme plus moderne, les deux précédents ayant été enregistrés de manière analogique dans un studio à Montréal contrairement à celui-ci. Entouré de son frère, Bobby Bulat avec qui elle a monté le projet, la jeune chanteuse de 29 ans nous propose un univers teinté de mélancolie tout en apportant une touche d'apaisement à sa musique qui elle, se fait des plus profondes et touchante. Basia explique elle même qu'elle a désiré un nouveau départ et nous offre un album inspiré d'événements tristes ou joyeux ayant marqué sa vie, la mort d'un proche peu avant le début de l'enregistrement en faisant parti. On y retrouve alors des textes mélodieux et tristes comme des choses plus légères. Ainsi, malgré les aléas de la vie, sa musique résonne comme un nouveau départ d'une excellente qualité.
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Tout comme sait si bien le faire Agnes Obel dans sa catégorie, Basia Bulat nous enchante tout au long de l'écoute de Tall Tall Shadow sans qu'on ne puisse en décrocher un seul instant. Le titre éponyme ouvre le bal sur une pop folk entraînante mêlant joie et mélancolie autour d'une musique légère. Une première partie aux allures d'une pop joyeuse s'installe alors, les titres s'appuyant le plus souvent sur une batterie et une guitare rythmée comme dans Wires. Et puis l'opus prend un virage mélancolique au sixième titre, The City With No Rivers, plus calme tout en gardant un certain rythme par le biais des percutions qui nous amène à penser qu'il pourrait s'agir d'une boîte à rythme alors que pas du tout. Someone en ait un bon exemple, le beat apportant un aspect plus récent au titre composé d'un piano/voix. Les morceaux s'enchaînent, l'intensité s'amplifiant au fur et à mesure. Never Let Me Go nous transcende par la mise en avant de la voix de la chanteuse accompagnée par une légère percussion et guitare en retrait pour plus de profondeur. A noter la présence de la légende de la folk, Ken Whiteley (dont le fils accompagne Basia sur scène). Ici il est venu gracieusement prêter ses mains pour accompagner la chanteuse à l'orgue, donnant une dimension tout autre à l'album.
Basia Bulat nous transporte avec son excellent Tall Tall Shadow, nous plongeant dans cette univers si particulier et bien à elle qu'on espère voir évoluer pendant quelques années durant encore. Nous vous recommandons donc vivement de découvrir ce troisième opus mais aussi d'écouter les précédents si ce n'est déjà fait. La jeune femme se produira en Europe dans les mois à venir avec un passage par la capitale française le 29 octobre à la Flèche d’Or.