Les yeux fermés, le casque à fond.
J'avais 30 minutes à perdre, je décide d'écouter cet album comme devrait s'écouter beaucoup de musique : seul dans le noir et le silence.
Surf Solar commence et j'ai déjà l'impression que mon opinion sur cet album va être définitivement différente. Les premières notes se multipliant voyagent dans mon cerveau et vont laisser place à d'autres notes en thèmes tout en restant bien ancrées en moi. Tout le morceau est fluide, me fait voyager le plus haut possible, passant par différents univers.
Puis vient la chute, je commence à tomber inconsciemment très profond, dans un autre univers beaucoup plus sombre et mécanique. J'ai effleuré le Soleil, retour à la sombre époque, saccadée, déstructurée, pleine de noirceur. Rough Steez fait peur, j'ai l'impression de voyager dans un monde entièrement mécanisé, d'avoir définitivement quitté le rêve de Surf Solar, pour revenir à une réalité bien plus pessimiste...
Mais alors que je me crois incapable de remonter la pente, de me remettre à rêver, arrive The Lisbon Maru. Je viens de casser une frontière et je me retrouve à présent au dessus d'un océan calme et sans fin, un ciel éclairé par un Soleil que je croyais ne plus jamais pouvoir revoir.
Puis je passe une nouvelle frontière, je me trouve à présent en plein dans cet océan, contemplant la beauté des fonds marins. Je découvre une cité paisiblement installée, vivant en parfaite harmonie avec la nature environnante, la respectant, l'aimant. Puis je quitte cette cité pour aller plus profondément dans l'océan. Je m'attend à voir de nouvelles ténèbres. Cependant, tout parait encore plus clair et harmonieux.
Mais alors que je m'approche de cette lumière saisissante, je m'aperçois qu'elle commence à m'aveugler, je ne vois plus rien.
Toutes les images que j'avais jusqu'alors s'effacent peu à peu pour laisser place au sublime vide.
La musique est toujours là, elle m'a permis d'atteindre un autre monde que mon esprit n'est plus capable de percevoir. Un autre monde dont les codes me sont totalement inconnus. Pourtant, je ne suis pas perdu, je me laisse toujours guider par la musique vers l'inconnu.
Enfin, Flight of the Feathered Serpent finit magistralement cette infinie descente ou montée, je ne m'en rend plus compte, vers ce monde parallèle, infiniment beau et paisible.
Puis il finit par me lâcher dans le vide. Mais même ce vide me parait être de la musique, comme si j'étais encore une fois dans un nouveau monde, que même mes oreilles ne pourraient percevoir.
Puis je finis par rouvrir mes yeux. Apparemment une heure s'était écoulée... Cependant, je ne saurais dire si ce voyage avait duré trente secondes ou une éternité.
Je ne prend pas immédiatement conscience de ce qui vient de m'arriver, je me lève et continue ma vie comme si de rien n'était, alors que j'ai cette impression troublante d'avoir vécu une expérience hors du commun.
Merci Tarot Sport.