Taste
7.5
Taste

Album de The Telescopes (1989)

The Telescopes est ce genre de groupe particulier qui est devenu culte pour des raisons obscures. Sans doute parce que peu de personnes ont pris la peine d'écouter leur musique et qu'elle a fini par être marginalisée car rassemblant trop peu d'adeptes. C'est facile à comprendre pourquoi à l'écoute de ce Taste.


Ce groupe de drogués notoires (qui deviendra vite le jouet de Stephen Lawrie), nous sort tout simplement un ovni d'une violence inouïe. Une musique entre shoegazing, noise rock et punk hardcore. Un disque qui sort bien avant la tout première vague du shoegaze, alors qu'il est déjà très original. Car il est le seul à rassembler, à ma connaissance, des éléments qui n'ont pas grand chose à voir entre eux.


Cet album est une sorte de bad trip. Une prise de drogue qui aurait mal tournée et qui pousserait l'habitué à devenir extrêmement agressif envers son entourage de junkies dépravés.
L'introduction de l'album joue pourtant la carte du romantisme psychédélique à fond, puisque c'est le seul morceau doux du disque. Une introduction sadique car terriblement trompeuse, puisque le groupe enchaine sur une décharge électrique ébouriffante nommée "I Fall, She Screams" avec ses guitares dans le rouge.


Malgré le côté direct de certaines compositions et une production qui n'a pas vieilli d'un pouce, Taste n'est tout de même pas forcément facile à cerner. The Telescopes hésite en permanence entre nonchalance psychédélique et furie punk nihiliste. L'enchainement "Threadbare" et "The Perfect Needle" étant un très bon exemple. Notamment ce dernier titre, où les arrangements de violons sont noyés sous un mur de fuzz impressionnant.


Si cet album est homogène et ne possède pas de faiblesses, "Suicide" est sûrement le point d'orgue du disque. Celui où la violence atteint son paroxysme et explose dans une dernière râle sourde où les cris inhumains de Stephen Lawrie s'éteignent dans un vacarme épouvantable.


The Telescopes ne continuera pas dans cette voie par la suite et c'est compréhensible. Comment refaire un disque aussi brutal sans se répéter et devenir redondant ? Alors, ils effaceront cette facette noire et écorchée pour ne garder que le psychédélisme sur leur album suivant. Un bon disque mais forcément moins mémorable et ahurissant que ce manifeste car bien plus conventionnel.
Heureusement, un autre groupe aura laissé trainer ses oreilles sur ce disque à la pochette pourpre: Les Smashing Pumpkins. Peut être le seul qui a repris cette idée d'un rock incandescent et d'un psychédélisme paresseux, mais le radicalisme des Telescopes en moins.


Un culte est donc né avec ce disque jamais imité. Un culte que j'approuve puisqu'il rassemble à la fois des compositions de qualité et une spontanéité réjouissante. Le terme de musique puissante est souvent galvaudé pour une quantité effrayante d'albums, mais pas pour celui-ci.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums du shoegaze et Les meilleurs albums des années 1980

Créée

le 18 août 2015

Critique lue 115 fois

3 j'aime

Seijitsu

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