À la longue il m'est difficile de déterminer ce qui, dans la trilogie "Machine" de Numan, relève du souci de cohérence ou du manque d'inspiration... Cependant, si Telekon est aux deux tiers basé sur la même recette, les mêmes timbres, les mêmes intervalles, le même ton que sur l'album précédent (The Pleasure Principle, 1979, que j'estimais déjà très répétitif), on peut malgré tout y trouver des variations d'intensité bienvenues et qui rendent la traversée moins monotone. Le piano, qu'on entendait déjà sur le très Eno-esque Complex, s'y fait plus présent et la guitare fait son retour (cette fois entre les mains de Rrussell Bell) là où la batterie se montre plus discrète et le tempo régulièrement plus posé.
La face A se déroule sans surprise, peut-être déjà un tantinet plus intimiste que ce que l'opus précédent de Numan proposait mais sans rien bouleverser, et -à l'exception du très dispensable We are Glass (single d'ailleurs uniquement présent sur la version cassette de l'album à l'époque de sa sortie)- l'écoute reste relativement digeste. Et puis vient la face B, et surtout les trois (ou quatre, toujours sur la version cassette) morceaux finaux qui, à mes oreilles, relèvent considérablement le niveau. Plus habités, plus profonds, ici encore plus intimes (Please Push no More et le piano de Denis Haines, toujours sur les traces de Brian Eno) voire épiques (The Joy Circuit), sans pour autant perdre en cohérence, comme quoi : c'est possible.
Si vous n'avez pas trouvé The Pleasure Principle digne de son aura peut-être que cette suite* plus humaine saura vous charmer.
*Sans déconner : This Wreckage démarre quasiment sur la mélodie d'Engineers, jouée un ton plus haut; ici encore difficile de démêler le génie du manque d'inspi.