Aaah, Ten… Le disque qui a donné un bon coup de projecteur sur la scène de Seattle avec Nevermind. Les raisons qui expliquent les raisons de son grand succès sont faciles à identifier : un son lisse, la voix aguicheuse d’Eddie Vedder et la qualité de ses chansons !
Car il faut bien le dire, Ten est un beau réservoir à hymnes : « Once », « Alive », « Garden » ou encore l’incontournable « Jeremy »…
Le disque est tellement fédérateur dans ses refrains qu’on serait tenté d’adopter cette posture snob qui consisterait à le déprécier sous prétexte qu’il ne s’agit pas de grunge. Alors que c’est faux, c’est tout simplement du grunge passé à la moulinette du stadium rock (l’influence de Bruce Springsteen sur le groupe ne disparaîtra pas complétement d’ailleurs).
Mais qu’importe, Ten réussit l’exploit d’être accessible tout en étant profond. L’émotion bouillonnante de « Black » en est le plus bel exemple (leur meilleure ballade ?). Les interventions du guitariste soliste Mike McCready embellissent aussi à merveille les compositions. Le bonhomme, très inventif, jouant plus sur les effets et le son de sa guitare plutôt que sur le déluge de notes, ce qui l’exclue immédiatement de la catégorie des branleurs de manche.
En vérité, la plupart des éléments définissant ce disque confirment que son succès n’était pas non plus un hasard. Le hard rock fait encore fureur à cette époque, donc l’alliance entre ces mélodies accrocheuses et cette guitare héroïque ne pouvait que séduire beaucoup de monde.
Toutefois, le seul défaut qui empêche Ten d’être un chef-d’œuvre absolu est ce petit déséquilibre de qualité entre les morceaux. La majorité des meilleures chansons étant regroupées dans la première moitié et même si la seconde se révèle de qualité, elle impressionne forcément moins et donne la sensation que le disque s’essouffle un peu. On peut aussi maugréer sur le son un peu daté à cause d’une réverbération un poil trop présente (on est en train de sortir des années 80, rappelons-le).
Malgré ce pinaillage, ce premier album réussit à lancer la carrière atypique de Pearl Jam dans de bien belles conditions. Un excellent album auquel il est difficile de résister… Même si le meilleur est à venir.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.