De ce que je connais de Brigitte Fontaine n'est qu'une infime partie de sa discographie, de sa vie. Je ne disposais, jusqu'à récemment, que de l'album, Genre Humain, avec une chanson marquante comme "Conne" qu'il m'arrivait de passer quelquefois en boucle.
Terre Neuve débute sur "Le Tout Pour Le Tout" avec une guitare aérienne de Yan Péchin qui accompagne les paroles de la dame octogénaire qui n'a rien perdu de sa verve déjantée comme on l'entendra ensuite.
Certains moments peuvent être considérés flippants, à fort exemple avec le planant et hardeux "Vendetta" aux paroles à penchant féministe très vindicatif. Brigitte Fontaine éructe, grogne ou croasse à la manière d'un Tricky dans Premillenium Tension. Le titre finit par une petite chansonnette qui reconcilie heureusement avec plein de tendres bisous.
D'autres titres ne laissent pas indifférent, pour un grand plaisir, que cela soit pour "Les Beaux Animaux" dépeignant semble-t-il notre condition de bipèdes urbains, le malicieux "J'Irai Pas", "Chrysler" et son final au violon, l'arabisant "God Go To Hell", le déglingué "Blues Kenavo" qui rappelle quelque peu Doo Rag, le calme mais profondément touchant "Haute Sécurité" et sa guitare "burgerienne", l'orientalisant "Terre Neuve" ...
Le guitariste Yan Péchin, principalement crédité parmi les musiciens présents, emmène dans des strates atmosphériques tantôt apaisantes, tantôt menaçantes comme les titres qui se présentent. Il illustre comme une toile de fond métallique les textes habités de la poétesse folle et attendrissante.
Il est possible que Terre Neuve soit l'ultime disque de Brigitte Fontaine. C'est peut-être, sans l'affirmer vraiment, son disque d'adieu ? Mon cul, oui ! Qu'en sais-je après tout ? Une chose me semble sûre néanmoins : cette oeuvre qui alterne colère, hargne, tristesse et joie est émouvante autant que dérangeante au point de ressentir une tendresse essentielle dans ce monde salissant et blessant. Et il se peut qu'une larme perle du coin de l'œil le jour où Dame Brigitte partira vers une Terre Neuve, au-delà.