Combien de fois dois-je mourir ?

Th1rt3en ne fait pas partie du haut du panier de la discographie de Megadeth, et en le trouvant à un prix dérisoire je m'attendais à bien pire.

Étonnamment ce n'est pas un album aussi rentre-dedans qu'un Rust in Peace, un Countdown to Extinction ou encore plus récemment Dystopia qui n'est pas un grand disque mais a le mérite de réitérer la formule Megadeth avec une efficience rare après tant d'années de carrière. La majorité des morceaux n'ont pas un tempo très rapide, en tout cas pour les deux-tiers des morceaux puisqu'il y a toujours un moment où tout se met à accélérer, c'en devient presque un running gag de l'album. Pourtant, malgré les soli de guitare qui vont à 100 à l'heure sur la plupart des chansons, les riffs sont moins tape-à-l’œil, moins virtuoses qu'autrefois.

Je trouve que c'est surtout la première moitié de l'album qui ne fonctionne pas très bien. Sudden Death est plutôt indigeste, Public Enemy No 1 fait plouf, et les titres du même acabit s'enchaîne.

Toutefois sur la deuxième moitié de cet opus, je trouve qu'il y a de bonnes choses. On a par exemple Fast Lane qui envoie bien et Millennium of the Blind que je trouve plutôt réussie du côté de la mélodie. Parce que bon autant je respecte Dave Mustaine pour assumer sa voix nasillarde avec laquelle il couine depuis plusieurs décennies, autant quand il s'en sert bien comme ça en se limitant à des mélodies basiques mais réussies, je ne vais clairement pas m'en plaindre. Après tout, si on peut éviter le chant parlé un peu trop théâtral façon Sweating Bullets, pourquoi s'en priver ?

Et puis il y a le titre éponyme, 13, avec une intro toute douce et là encore un joli travail sur la mélodie. J'aime bien aussi quand un groupe réussit à être bon sans pour autant s'embarquer dans des morceaux très alambiqués. La devise "Less is more" s'applique plutôt bien à la moitié de cet album, et au milieu d'une discographie bien remplie, Megadeth a quand même le droit de tenter l'expérience une fois.

Mais ce qui m'a le plus surpris sur l'album, au delà de la relative simplicité des morceaux qui marche une fois sur deux, c'est la production. C'est assez étonnant de ce côté-là, ça sonne comme des prestations Live sur lesquelles on aurait empilé quelques pistes de guitare et de chant en plus. On joue rarement sur la spatialisation dans le disque, à part pour un riff bien senti de temps à autre, mais c'est mixé de façon plutôt terre à terre le reste du temps : mur de guitares à droite, mur de guitares à gauche, un son chaleureux de distorsion plutôt bienvenu, la voix au milieu, et doublée tant qu'à faire. La basse et la batterie soutiennent tout ça sans vraiment briller dans le mixage, alors que du côté de la batterie il y a des choses intéressantes. Je ne saurais dire si je trouve que cette intention dans la production relève du génie ou de l'amateurisme le plus total, mais c'est pas désagréable d'avoir un album de Metal au son un peu différent de tout ce qui se fait depuis 10 ans sans que ça sonne "boueux".

Je comprends bien qu'on attendait mieux d'un tel groupe, et il va falloir sérieusement que je me penche davantage sur leur discographie, mais tout n'est pas à jeter sur cet opus.